Le Président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, dès sa prise de pouvoir par un coup d’Etat que d’aucuns ont qualifié de ‘’ coup de libération’’, avait, devant des généraux des différents corps habillés, fustigé le racket des usagers de la route, notamment les automobilistes, par des agents véreux. A ce qu’il semble, ce rappel à l’ordre est royalement ignoré par les hommes en treillis qui arnaquent en toute impunité comme s’ils avaient obtenu le blanc-seing de leurs supérieurs hiérarchiques afin d’opérer en toute sérénité sans être inquiétés.
Mercredi 27 août, il est 8heures du matin. L’air est glacial. Le temps est doux à Nkoltang, petite bourgade située sur la nationale1 à une trentaine de kilomètres de Libreville. Elle brasse un petit monde disparate. Dans le décor ambiant, poussière et temps glacial fusionnent dans une parfaite osmose.
Commerçants, clients, voyageurs, agents des Eaux et forêts et forces de l’ordre, des gendarmes (faut-il le préciser) et chiens errants, fusionnent dans un respect mutuel. Debout face aux étales, ils sont là, gendarmes et agents des Eaux et Forêts, parés de leur uniforme couleur bleu, ils arraisonnent sans vergogne. Comme si cette pratique était revêtue d’une légalité de fait. La police judiciaire qui écumait les lieux a fait place à la gendarmerie nationale désormais maîtres des lieux. Avec des tronches à faire pâlir un môme, ils sont là, imperturbables, convaincus qu’ils sont le centre de gravité, « garez-là », tempête une dame du haut de ses rangers, la mine serrée. Le chauffeur obtempère, descend de voiture et se dirige droit au bureau où il doit accomplir le rituel : « j’ai payé 3 000F » lance-t-il doucement.
L’endroit poussiéreux, soumet les usagers de la route à une circulation alternée du fait des travaux de reprofilage sur ce tronçon. Malgré tout, les gendarmes veillent au grain, la poussière, on s’en tape, les prises sont bonnes. Tout clando qui passe par là est systématiquement arraisonné. Si les clandos sont leurs cibles de prédilection, les particuliers ne sont pas exemptés, il suffit d’une pièce manquant au dossier du véhicule que vous voilà pris dans leurs filets. « Vous n’y pouvez rien, vous êtes obligés de coopérer », indique un routier conducteur de poids lourd, lui aussi pris au piège.
Deux gendarmes, sifflets scotchés aux bouches, arraisonnent tout automobiliste qui passe en ces lieux. Le rituel est connu des usagers de la route. Il faut à tout prix ‘’saluer le képi du chef’’. Tour à tour, ils se dirigent vers un réduit équipé d’une table de fortune où trônent deux agents, à l’abri de tous regards inquisiteurs, ils encaissent l’argent.
Une fois acquitté de la taxe, le numéro de la plaque d’immatriculation est répertorié sur une feuille volante. Histoire de s’assurer que l’usager s’est effectivement acquitté de la taxe journalière qui varie selon le gabarit du véhicule. Elle oscille entre 3000 et 10 000 pour les gros porteurs.
« Que vous soyez en règle ou pas, on est soumis à cette contrainte journalière», lance un chauffeur de clando. A la question de savoir, « si vous êtes en règle pourquoi vous plier à une telle exigence » ? << Si vous refusez de payer, votre journée de travail est à l’eau, ils vont vous garder là, vos papiers confisqués>>.
Un autre clando est arraisonné par une dame en uniforme, sifflet au point. « C’est le premier tour, le deuxième tour oui », glisse le chauffeur. On veut savoir davantage sur cet échange codé. « Qu’est-çà dire, le 1er tour » ? « Ça veut dire que je n’ai pas encore encaissé pour payer la taxe », répond gentiment le chauffeur. « Ces gendarmes-là ne sont pas flexibles comme les policiers qui se contentent de 1000F voire 500F », renchérit un autre chauffeur de clando, un habitué du tronçon PK 12-Ntoum, à une quarantaine de Kilomètres de Libreville.
Le trésor public a intérêt à installer une caisse au Checkpoint de Nkoltang, car ce sont des flux financiers importants empochés chaque jour par des agents véreux.
Devant de telles pratiques tant décriées, que pensent l’inspection générale de la gendarmerie et le commandant en chef, le général de brigade Yves Barassouaga ?
Théaime
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