C’est la question qui se pose désormais, alors que le syndicaliste devenu président du PNTP, parti national pour le travail et le progrès, a vu, l’une après l’autre, toutes ces candidatures être invalidées à la présidentielle du 12 avril dernier, et maintenant aux élections législatives et locales du 27 septembre prochain. Un acharnement injustifié pour Jean Remy Yama qui accuse même la cour constitutionnelle de rendre des décisions “iniques” à ses dépens.
Les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun retour. Ce principe en droit qui vaut pour la plus haute juridiction du pays ne vaut pas pour Jean Remy Yama. Dans une lettre ouverte adressée à l’institution, l’opposant au régime de Brice Clotaire Oligui Nguema qui crie “c’est une honte” n’en démord pas après le rendu de la cour constitutionnelle qui, dans une décision du 6 septembre 2025, invalide sa candidature aux législatives, précisément pour le 4e siège du département de Mulundu, canton Ogooué Aval dans la province de l’Ogooué-Lolo (sud-est du Gabon), un siège qu’il avait d’ailleurs déjà remporté en 2023 depuis sa cellule de prison, avant que l’élection ne soit finalement annulée par le coup d’État mené par Brice Clotaire Oligui Nguema quelques jours plus tard.
Dans sa lettre ouverte, Jean Remy Yama explique qu’à la suite de la publication de la liste des candidatures le 20 août dernier par la CNOCER, commission nationale d’organisation et de contrôle des élections et du référendum, son nom n’apparaissant pas, il a alors saisi la cour constitutionnelle pour validation de sa candidature.
“Conformément à la loi et dans un délai de 72 heures, j’ai adressé un recours à la Cour constitutionnelle dans lequel je demandais la validation de ma candidature sur la base du récépissé que j’ai produit, indiquant avoir satisfait à l’exigence de l’article 202 du Code électoral. C’est le 08 septembre, soit 17 jours plus tard (largement au-delà des 8 jours prévus par la loi), que je suis appelé pour recevoir la notification du rejet de mon recours”, explique-t-il.
Une décision sans fondement juridique
Les juges de la cour constitutionnelle ayant invalidé sa décision au motif qu’il n’a pas produit un jugement supplétif, le président du PNTP, parti national pour le travail et le progrès, estime que cette décision “ne repose sur aucun fondement juridique”. Car ce n’est pas à la cour d’exiger ces pièces, ce rôle étant dévolu aux seules commissions électorales, conformément à l’article 202 du code électoral.
“C’est la CNOCER qui examine au fond les pièces, et non la Cour constitutionnelle”, rappelle-t-il. Plus grave, la cour constitutionnelle n’a pas jugé utile de respecter le principe du contradictoire entre le requérant et la CNOCER.
Des inquiétudes pour l’avenir
Pour Jean Remy Yama, cet acharnement laisse présager des choses plus graves contre sa personne pour les prochaines élections législatives en 2030, et pour la présidentielle de 2032. Emprisonné sous Ali Bongo Ondimba, libéré par Oligui Nguema dans l’euphorie du coup d’État du 30 août 2023, Jean Remy Yama a vu toutes ses candidatures être rejetées jusqu’ici par les instances électorales gabonaises de la cinquième République. Une cinquième République que l’intéressé qualifie désormais de reculade démocratique, au vu notamment de cet acharnement sur sa personne. Écarté de la présidentielle, écarté des législatives et même des locales, pour le leader syndical de 61, l’horizon politique semble désormais s’assombrir. Certains y voient même une punition à lui infligée par le pouvoir du fait de son opposition, une punition sous paravent judiciaire. Le code électoral limitant l’âge d’éligibilité à la présidentielle à 70 ans, seule 2023 reste la dernière chance puisqu’il aura 68 ans. Franchira-t-il cette punition qui semble désormais rédhibitoire pour lui? Manifestement, Jean Remy Yama semble déjà condamné à une retraite politique anticipée, avant même qu’il n’ait eu le temps de savourer sa carrière politique qu’il veut embrasser à travers son parti, le PNTP.
Leno Koleba
Commentaires récents