Les Gabonais sont appelés aux urnes ce samedi 27 septembre 2025 dans le cadre des élections couplées, législatives et locales. Même si le scrutin semble ouvert avec un avantage certain pour le tandem UDB-PDG, l’organisation qui en a été faite restera certainement dans les annales comme le scrutin le plus chaotique du genre que le Gabon ait jamais tenu.
Elles sont censées tourner définitivement la page de la transition ouverte le 30 août 2023, suite au renversement d’Ali Bongo Ondimba par l’armée. Pourtant, les élections législatives et locales de ce samedi 27 septembre, les premières du genre sous la cinquième république auront eu le mérite de montrer les limites d’une organisation largement décriée par de nombreux acteurs politiques, y compris même par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, dont le coup de gueule a poussé le ministère de l’Intérieur à repêcher certaines candidatures invalidées sans raison valablement notifiées aux intéressés, et celles volontairement ou involontairement égarées dans le cafouillage de cette impréparation.
Une élection hors-la-loi
Ajoutez à cela, le non-respect de la loi électorale qui dispose que les listes de candidatures doivent être affichées au moins un mois avant le scrutin. Or, la publication des listes contradictoires jusqu’aux derniers jours de campagne, avec des noms qui apparaissent tantôt et disparaissent par la suite, ou ceux qui disparaissent d’une liste et apparaissent sur une autre, c’est donc un scrutin test pour les nouvelles institutions, mais un test manifestement raté. On pourrait même dire une élection hors-la-loi. Le cas le plus évocateur de ce chaos est celui de Jean Rémy Yama, leader du PNTP, parti national pour le travail et le progrès. Tête de liste dans le département de Mulundu dans la province de l’Ogooué-Lolo, sa candidature invalidée puis validée par le tribunal administratif de Koulamoutou avait été attaquée par le Commissaire général à la loi. C’est finalement mardi 23 septembre, soit trois jours avant le scrutin, qu’elle a été validée par le Conseil d’Etat. Il n’aura donc pas eu le temps de faire campagne comme tous les autres candidats. Véritable remise en cause de l’équité.
A l’évidence, le retour de l’organisation des élections au ministère de l’Intérieur n’est pas la panacée contre des élections fantaisistes. Au contraire, cette organisation achève désormais de convaincre de la nécessité d’une refonte véritable de l’administration électorale au Gabon qui, depuis le retour du multipartisme en 1990, peine toujours à organiser une élection crédible, plus ou moins acceptable.
Le test raté de la 5e République
Le test du 27 septembre 2025 raté, c’est aussi une préfiguration de ce que la cinquième République n’est pas aussi exemplaire que tous les autres régimes politiques précédents. Et qu’elle est peut-être pire en matière de respect des normes régissant un processus électoral crédible. Et même si le président Brice Clotaire Oligui Nguema a promis au dernier moment une transparence totale, avec une proclamation bureau de vote par bureau de vote, chose qu’il aurait dû permettre pour la présidentielle du 12 avril dernier, des doutes persistent pour un scrutin aux apparences ouvert par la pléthore inédite des candidatures, mais dans lequel, son parti, l’union démocratique des Bâtisseurs et son allié, le parti démocratique gabonais semblent bien partis pour tirer leurs épingles d’un jeu manifestement vicié.
Leno Koleba
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