Le Général Président dans ses œuvres
L’étoilé en chef, Brice Clotaire Oligui Nguema, est de tous les rendez-vous planétaires et même cosmo planétaires. Il saisit le moindre prétexte pour ses exploits scéniques à travers le monde, que ce soit au Gabon ou ailleurs. Entouré d’une armada de bouffes-cadeau, en quête de reconnaissance, et pour ne pas paraître aux yeux de ses pairs tel un resquilleur, il sillonne dignement la planète terre afin de rassurer le monde entier quant à ses bonnes intentions démocratiques. A croire une corvée de travaux forcés qui ne lui accorde aucun répit. Audiences par ci, réceptions arrosées par-là, l’homme, comme dopé aux barbituriques ou aux kobolos, pète d’énergie au risque même de choper une hyperthermie.
Récemment, au nom d’une tournée dite républicaine, il a sillonné le Gabon et ses coins et recoins. C’était pour lui l’occasion de parader crânement devant des foules de badauds, pour la plus part issus probablement de son fan-club. Même les cadres de ce pays ne manquaient pas à l’appel, vidant ainsi les Ministères de leurs ressources humaines. Chacun voulant séduire le grand seigneur Oligui Nguema, avec le fou rêve d’être nommé Ministre au prochain gouvernement.
Le type, à chacune de ses escapades républicaines et à sa gloire, nous recyclait les artifices propagandistes et populistes de l’ère des Bongo. Nous qui croyions naïvement que l’arrivée du Comité pour la Transition et la restauration des institutions(CTRI) et, fort de sa cargaison d’étoilés, nous sèvrerait de toutes ces fausses notes, ces futilités insensées et dispendieuses qui nous ont saoulées des décennies durant. Pour une période de transition qui aurait pu être gérée autrement, ça sonne un peu bizarre. Non ?
La tournée républicaine du Général-Président, à mon avis, cache d’autres motivations que celles d’une prise de contact avec les populations. La prochaine présidentielle, disons-le clairement, semble être le point d’ancrage de toute cette grande mobilisation inutile. Il aurait dû attendre qu’il soit d’abord plébiscité par les Gabonais. Ainsi, dans son nouveau costume de chef d’Etat élu avec 99, 99% des suffrages, il pourra donner autant de shows républicains qu’il voudra. Cette tournée à travers tout le pays, a tout d’une campagne électorale anticipée. Il est des signes qui ne trompent pas. Lorsqu’il veut abréger la période de transition parce que, selon lui, très longue, il faut comprendre, en filigrane, que ce monsieur veut rapidement organiser l’élection qu’il est sûre de gagner sans effort. Il va capitaliser toute la ferveur quasi religieuse que lui témoignent les populations qui voient en lui le nouveau messie. Fort de ce capital sympathie, cette élection ne sera qu’une simple formalité, donc sans réel enjeu. Et cela, il l’a bien compris. N’oublions pas que ce disciple de Machiavel est le pur produit de Bongo père connu pour sa roublardise et dont il est le digne avatar. Pour tout nous expliquer, il nous parle d’investisseurs pour qui investir durant la période de transition ne rassure guère. Il faut donc en sortir le plus rapidement possible. Un argument spécieux qui, de mon point de vue, ne tient pas.
Autre signe révélateur de ses grandes ambitions présidentialistes : les Gabonais présents à ses différentes tchatches présidentielles, avec un zèle militant, arboraient des tonnes de pagnes et de tee-shirts frappés à son effigie. Cela nous rappelait tristement la machine PDG du temps de sa splendeur. Les nostalgiques pédégistes avaient trouvé là l’occasion de communier entre ‘’camarades’’. Cela leur manquait tellement depuis que les putschistes ont, avec l’aide de sorciers Blancs à la manœuvre, neutralisé le petit Bongo pour le ranger ensuite au placard.
Pendant sa tournée à travers le pays, il nous gavait, lors de ses discours décousus, d’ingrédients du genre : ‘’J’ai donné tant de milliards de Francs par ci, j’ai donné tant de milliards par-là…’’, à croire un mollard en pleine opération de ‘’farotage’’ à l’ivoirienne. Sans doute l’argent sorti de sa poche et non de celle du contribuable gabonais. Pas étonnant pour quelqu’un qui a longtemps nagé dans une mer de billets de banques lorsqu’il était sous la coupole de Bongo père. Lequel n’hésitait pas à distribuer des ballots de billets aux membres de sa galaxie dont le citoyen Oligui Nguema était un des membres influents.
Même si je suis un parfait inculte en matière de loi de programmation et de planification des projets d’investissements pour le développement d’un pays, je peine tout de même à comprendre la logique sur laquelle se fondent ces financements qu’il engage au lance-pierres : ‘’j’ai donné tant d’argent ici et là’’. Tout ça fait un peu désordre et redondant. Donc, de mon point de vue, pour mettre fin à la sinécure dont semble jouir le ministre de la Planification et de la Prospective qui ne sert plus à rien, et faire économiser à l’Etat un peu d’argent, puisque le Général-Président a lui-même pris les choses en main, autant licencier Chambrier et son cabinet, qu’ils aillent paître ailleurs. Simple question de bon sens…