Tout semblait, dès l’avènement du 30 août, obéir à un calendrier bien établi : nomination d’un Premier ministre de la Transition, formation d’un gouvernement, d’une Cour constitutionnelle, d’un Parlement et d’un CESE de la Transition. En résumé, les premiers pas des militaires au pouvoir ont commencé par la mise en place des institutions de la Transition peu après la dissolution de celles issues de l’ordre constitutionnel ayant accompagné Ali Bongo Ondimba et ses thuriféraires dans la forfaiture.
Mis à part le tollé suscité par la nomination de Hervé Patrick Opiangah à la tête du ministère des Mines ainsi que la présence un peu trop exagérée des anciens barons du régime déchu au sein des institutions transitoires, tout semblait aller dans la perspective d’une rupture épistémologique avec les pratiques politiques ayant eu cours ces dernières années pour multiples raisons. Dans un premier temps, la gestion du pays se voulait désormais inclusive. Avec ceci qu’on retrouve au sein des institutions suscitées la présence de toutes les composantes sociologiques du pays. On y trouve en effet des politiques, des membres de la société civile, des confessions religieuses, ainsi que des militaires bien évidemment.
Jusque-là, le caractère inclusif prôné par les nouveaux maîtres du Gabon était de mise. Et les soutiens multiformes adressés au CTRI et à son président traduisaient d’une certaine façon la joie éprouvée par les uns et les autres sur la conduite des affaires par le CTRI.
Reste que, au fur et à mesure que le temps passait, et que certaines décisions prises par les tenants actuels du pouvoir n’étaient plus en accord avec les intérêts de certains, des voix commençaient à s’élever, et un nouveau son de cloche se faisait entendre. A raison, car certaines décisions prises par les autorités actuelles rappellent, sauf à s’y méprendre, un passé pas très lointain. Cette suspicion a été exacerbée par les résolutions prises lors du Dialogue national inclusif (DNI) lesquelles ont fini par diviser la classe politique et une partie de la société civile. Ce qui fait qu’à l’unanimité qui a prévalu à l’amorce du pouvoir des militaires, a succédé un sentiment de doute voire de scepticisme de certains acteurs politiques et de la société civile ainsi qu’une bonne partie de la population demeurent quelque peu dubitatifs depuis un moment à l’égard du pouvoir en place.
Cette méfiance vis-à-vis des nouveaux maîtres du Gabon s’est exacerbée ces derniers temps avec les rumeurs peu reluisantes concernant le projet de la nouvelle Constitution longtemps gardé secret et dont la révélation du contenu par nos confrères de RFI dans un premier temps et par les réseaux sociaux accrédite la thèse de tous ceux qui y voyaient une entourloupe politique se dessiner à travers cette nouvelle Constitution.
Autant dire tout de suite maintenant plus que par le passé, Oligui Nguema et sa suite de militaires ont désormais une opposition qui se dresse devant eu. Bien que peu structurée encore, elle ne donne pas moins d’insomnies aux nouveaux maîtres du Gabon et à leurs soutiens multiformes. La multiplication des propagandes à travers les médias publics et les campagnes d’affichages dans toute la ville de Libreville, en l’occurrence, semble indiquer l’absence de sérénité dans le camp des hommes en armes.
A.M