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21 décembre 2024

Les prémisses d’une dictature en préparation

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Ils sont encore beaucoup trop nombreux les Gabonais enivrés par l’euphorie suscitée le 30 août 2023 après le coup d’Etat qui a porté les militaires du CTRI au pouvoir. Il serait temps pour eux de se ressaisir et de regarder la réalité en face. Les hommes en treillis ne sont pas venus avec l’intention de restaurer les institutions et faire recouvrir aux Gabonais leur dignité. Leur véritable dessein encore inavoué, c’est de jouir des bienfaits que la détention du pouvoir procure aux détenteurs de celui-ci. Ceux qui sont encore enclins à croire qu’on a affaire à des patriotes venus libérer le pays, se trompent lourdement. Ils vont bientôt déchanter lorsque Oligui et ses sous-fifres auront la certitude qu’ils sont désormais bien enracinés, qu’ils ont la légitimité populaire qu’ils s’efforcent du reste de fabriquer, c’est à ce moment-là qu’ils leur montreront leurs vrais visages. De nombreux signes annonciateurs de l’instauration d’une oligarchie comprador dans le pays, sont visibles pour tous ceux qui refusent de se mettre volontairement des œillères.

  1. 1.Le maintien du couvre-feu. Depuis le 30 août 2023, le Gabon tout entier vit sous le joug d’un régime d’exception marqué par le maintien du couvre-feu sans qu’aucune raison valable n’ait été déclinée par les nouveaux seigneurs pour justifier ce maintien. Certes, celui-ci connaît des aménagements de temps à autre, mais il ne demeure pas moins permanent et rédhibitoire aux libertés fondamentales en même temps qu’il nuit gravement aux activités économiques de la nuit. Sinon, comment peut-on expliquer le maintien de cette mesure un an après les événements du 30 août si ce n’est pour garder les populations en captivité et qui plus est, dans un climat de peur.

  2. 2. L’accaparement des chaines publiques par le CTRI. Une pratique quasi identique à ce qui avait toujours cours tout au long du régime d’Ali Bongo Ondimba et même bien avant. Lorsqu’on dit vouloir restaurer les institutions, on commence par libérer la parole (non pas celle qui était sous contrôle à Angondjé lors du fameux Dialogue national inclusif, mais une libération de la parole plus affirmée) en ouvrant grandement les médias publics aux différentes composantes sociologiques pour instruire le citoyen à travers les débats afin de le rendre plus responsable dans ses prises de décisions. Par exemple, en ce qui concerne le référendum à venir, seuls les défenseurs du « oui » sont admis dans les chaines publiques. On aurait dû organiser des débats publics de sorte que chacune des positions défendues par les uns et les autres soient connues des Gabonais pour aller voter en toute connaissance de cause. Ce n’est nullement le cas, malheureusement. Et cela semble être fait délibérément. Comme si le fait recherché c’est le maintien des populations dans l’obscurantisme.

  3. 3-L’absence de transparence. Lors de leur prise du pouvoir, Oligui et ses amis avaient vertement dénoncé la mauvaise gestion du pays par Ali Bongo Ondimba et sa Young Team. A l’épreuve des faits, ils ne font pas mieux que leurs prédécesseurs pour qui la transparence ne faisait nullement partie de leur logiciel dans le fonctionnement du pays. Alors qu’en démocratie, la transparence est une idéologie qui suggère que toutes les informations en rapport avec la politique soient accessibles à tous les citoyens. L’exemple du projet de la nouvelle Constitution est à ce point illustratif de cette volonté du pouvoir à verrouiller l’information dont le peuple a besoin. Les informations y relatives ont été scellées comme s’il s’agissait d’un secret d’Etat. Il a fallu attendre des révélations sur RFI et des fuites sur les réseaux sociaux pour se faire une idée de son contenu fortement critiquable, au demeurant. (On y reviendra).
  4. 4.Un Code électoral de tous les dangers. Le nouveau Code électoral dernièrement promulgué par le président de la Transition constitue à ne point douter l’exemple le plus parlant de la préparation d’une manœuvre visant l’accaparement coûte que coûte du pouvoir. Sinon, comment comprendre qu’on ait pu laisser passer un tel document avec autant d’articles antidémocratiques et nuisibles pour notre vivre-ensemble. A ce sujet, le mouvement « Référendum, je vote NON » relevait fort justement dans sa requête introduite à la Cour constitutionnelle pour contester ce texte, le caractère délétère de ce Code électoral dont un certain nombre de dispositions, en l’occurrence les articles 19, 20, 21 et 22 consacrent à leur entendement un processus électoral vicié et opaque. Ces compatriotes estiment que confier l’organisation des futures élections au seul ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, constitue une dérive autoritaire qui pourrait conduire à toutes sortes de manipulations et de tripatouillages.
  5. Pis, l’article 19 de ce même code prévoit l’incinération de tous les bulletins de vote après les opérations de dépouillement des urnes. Une mesure que la plateforme considère comme une « dissimulation organisée ». Cette disposition est perçue par ceux qui composent ce mouvement comme une tentative de réduire à néant toutes les éventuelles contestations post-électorales. Cela n’est-il pas une préparation à l’instauration d’une dictature, se demandent le peu de Gabonais encore lucides.

  6. Pour les membres de la plateforme, ils demandent à la Cour constitutionnelle de retoquer ce code électoral aux relents iniques pour préserver la paix sociale chère à notre pays. Reste plus qu’à savoir s’ils seront entendus, sachant que toutes les institutions de la Transition, (la Cour constitutionnelle y compris) sont toutes sous la férule du CTRI.
  7. A.M
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