Certes l’information n’est pas encore suffisamment relayée dans les médias locaux, mais Le projet de construction à Port-Gentil d’une base militaire navale chinoise dont un accord tacite avait été conclu entre le Gabon et l’Empire du Milieu sous le règne d’Ali Bongo Ondimba en 2023 alimente depuis peu la tension déjà existante par ailleurs entre Washington, Pékin et Libreville. La dernière visite en Chine du chef de l’Etat gabonais a plus ou moins exacerbé cette tension. La Maison-Blanche estimant que cette visite a pu donner l’occasion aux deux parties de remettre au goût du jour ce projet qui met à mal les intérêts vitaux des puissances Occidentales, notamment les Etats-Unis et la France. Bien que rien n’ait filtré au niveau de la presse du palais concernant d’éventuelle poursuite ou non des discussions inhérentes à ce dossier, il n’est pas moins suivi de près par Paris et Washington, déterminés à le faire capoter. Surtout que pour ces deux pays, le général Brice Clotaire Oligui Nguema demeure énigmatique. Il laisse planer trop de doutes à propos de la construction de cette base navale chinoise qui, si elle voit le jour, pourrait rebattre les cartes géostratégiques dans le golfe de Guinée.
Pour cette raison et pour bien d’autres, les Etats-Unis et la France voient d’un mauvais œil l’aboutissement de ce projet, lequel devrait donner à Pékin, un réel contrôle et une présence stratégique sur le golfe de Guinée. Pékin n’ayant pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin, envisage même, dans le cadre de cet accord, d’offrir aux militaires gabonais un entraînement adéquat pour une meilleure surveillance de ses eaux territoriales.
L’installation d’une base militaire chinoise au Gabon représenterait un défi majeur pour l’influence française et américaine en Afrique, notamment au Gabon qui est pour la France, l’une de ses dernières chasses gardées, ce d’autant qu’elle perd progressivement pied en Afrique de l’Ouest.
STRATAGEMES.
Très préoccupés par cette percée chinoise au Gabon, les Etats-Unis préparent à leur tour un programme économique et militaire pour le Gabon afin d’empêcher la Chine d’aller au bout de ses ambitions. A en croire les médias américains relayés par un certain nombre d’activistes qui suivent de près ce dossier, l’accord comprend un programme de formation pour les forces spéciales du Gabon, et un soutien financier de 5 millions de dollars (environ 3 milliards de francs CFA). Une somme pour le moins dérisoire comparée à ce que la Chine offre au Gabon. On parle de 4 milliards de dollars (environ 2500 milliards de francs CFA) destinés aux projets structurants et au renforcement de la coopération militaire avec le Gabon.
Le plan d’aide américain pourrait être annoncé lors de la visite d’Oligui Nguema à Washington où il se trouve en ce moment. Contrairement à ce qui a été révélé dans le journal françafricain Jeune Afrique, Oligui Nguema n’est pas à Washington pour expliquer aux autorités américaines où est-ce qu’il en est avec le processus de Transition, mais plutôt pour clarifier sa position relative à la construction du port naval chinois à Port-Gentil.
Pour les responsables militaires américains, la Chine cherche à construire une base militaire d’entraînement au Gabon, en prélude à l’installation d’une base militaire permanente. Une situation qui inquiète au plus haut point la Maison-Blanche qui estime qu’une présence militaire chinoise dans le golfe de Guinée, juste à l’entrée de la côte Atlantique, pourrait représenter une menace sérieuse de leurs intérêts, bien que nous soyons chez nous en Afrique.
Sur ce dossier, le président de la Transition est tenu de jouer franc-jeu en pesant le pour et le contre. La Chine, qui est aujourd’hui le principal partenaire au développement du Gabon, propose un véritable plan de développement marqué notamment par la construction de projets structurants.
Au contraire des Etats-Unis et de la France, deux pays occidentaux dont le premier poursuit son hégémonie expansionniste en Afrique, et le second, bien que puissance moyenne, veut continuer de maintenir ses ambitions néocolonialistes. L’un et l’autre usent de tous les stratagèmes pour maintenir nos pays en captivité en bloquant toute forme de développement.
A ce jeu, le président de la transition, tout en affirmant la souveraineté du Gabon sur la scène internationale doit se faire à l’idée qu’il n’a pas affaire à des enfants de cœur, car avec eux tout peut arriver, même le pire.