Avec huit cent un (801) amendements apportés au projet de nouvelle Constitution, les parlementaires, réunis au sein de l’assemblée Constituante, ont envoyé un signal fort au nouveau “régime” ? Même si le décret instituant la constituante précise que les amendements opérés par les parlementaires ne seront rien d’autre que de simples avis.
“Ne pas confondre vitesse et précipitations”. Une maxime que les autorités de la Transition, en tête desquelles “l’étoilé en chef” Brice-Clotaire Oligui Nguema, viennent d’expérimenter à leur grande surprise.
Le Comité pour la Transition et la restauration des Institutions (CTRI), une ribambelle d’officiers généraux et supérieurs pensaient que le renversement du “roi paresseux”, Ali Bongo Ondimba par un ramassis d’officiers généraux et supérieurs, devait leur procurer un blanc-seing dans toutes leurs initiatives. A leur grande surprise, ils viennent d’essuyer un grand revers.
Que Nenni ! De façon implacable, les parlementaires leurs ont prouvé qu’en politique “chaque détail est important”. Et ce, malgré le fait d’avoir été nommés par les mêmes militaires.
Après un Dialogue national bâclé, car muet sur les entraves à la démocratie au Gabon que représentent la Garde républicaine (GR) et la Cour Constitutionnelle, deux outils de conservation du pouvoir du régime Bongo-PDG qui n’ont guère été réformés – les “corps habillés” pensaient pouvoir déployer leurs stratagèmes sans hiatus.
D’autant que le général Oligui Nguema ne cache plus son désir de tourner la page de la Transition. Enfin, de vite tronquer son treillis au profit d’un costume dont on espère qu’il ne proviendrait pas de chez Diabaté. Point besoin d’être sorti de Sciences Po pour deviner ses intentions. Celui d’être un président de la République élu en bonne et due forme, même en tripatouillant. C’est aussi visible que le nez sur le visage.
Une stratégie quelque peu perturbée par les parlementaires qui ont apporté 801 amendements au travail du Comité constitutionnel national (CCN). Pire, certains, dont Jean-Valentin Leyama y voient un “recul démocratique”.
Les huit membres de l’Assemblée constituante ayant voté contre le projet de la nouvelle Constitution s’offusquent, entre autres, du régime présidentiel retenu, la trop grande concentration de pouvoirs entre les mains du président de la République et l’outrecuidante discrimination inhérente aux critères d’éligibilité à la magistrature suprême. Il faut que les parlementaires qui sont favorables à cette Constitution se fassent bien à l’idée que l’augmentation du pouvoir d’un roi n’a pas pour effet d’augmenter ceux de ses sujets. Bien au contraire.
Des griefs légitimes. Quid de la suite ? Avant son adoption finale, la mouture querellée doit obtenir le quitus du Conseil des ministres, en prélude au référendum à venir. Reste à savoir si le premier ministre, Raymond Ndong Sima, et son gouvernement tiendront compte desdits amendements ? Dans la foulée, la Cour constitutionnelle devra également se prononcer sur la “constitutionnalité” dudit projet.
Autant de conditions de nature à retarder la tenue du référendum à la date indiquée dans le chronogramme de la Transition, au grand dam de l’étoilé en chef qui agit en homme pressé.
Paul Ndombi