Où en est-on avec les droits d’auteurs au Gabon ?
‘’Vendredi dernier, m’apprend le Journal gouvernemental Gabon Matin, le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Laurence NDONG, a révélé les bénéficiaires du soutien financier de l’Institut Gabonais du Son et de l’Image (IGIS) pour 2024. Une enveloppe de plus de 100 millions de FCFA a été dédiée à une quinzaine de projets audiovisuels et à l’accompagnement des artistes’’.
A défaut de se péter les nerfs, on doit plutôt en rire !
100 millions de FCFA pour une quinzaine de projets, sans blague ! Lorsqu’on fait un petit exercice de calcul arithmétique, c’est un peu plus de 6, 600 millions pour chaque projet. Avec une somme aussi dérisoire, voire ridicule, quel genre de production doit-on attendre de la part des sociétés de production d’œuvres audiovisuelles ? Sans doute des productions d’amateurs débutants de nos quartiers des ‘’mapanes’’. Genre les clips réalisés avec les moyens du bord qui polluent nos petits écrans à longueur de journée et saturent nos facultés cognitives.
Un documentaire, un court métrage ou un long métrage, les professionnels en conviennent, nécessitent de gros budgets de production. Cette somme, en clair, ne peut couvrir les frais de production d’une quinzaine de projets. C’est à croire que nos gouvernants qui se laissent embobiner par quelques charlatans véreux qui roulent plus pour eux-mêmes et non pour la bonne marche de l’audiovisuel gabonais, n’ont aucune parfaite maîtrise de la réalité du milieu infesté de requins de haut vol.
Cette somme peut simplement servir à financer des productions d’amateurs de quartiers, sans plus. Une vraie production réalisée par des professionnels, 6, 600 milles c’est du pipi de chat, une injure à leur métier.
Les autorités de ce pays maîtrisent-elles le secteur de la production audiovisuelle ? J’en doute ! Charles Mensah, en bon professionnel, doit certainement se retourner dans sa tombe, lui qui plafonnait le financement d’un film court métrage à des centaines de millions.
‘’Les couilles de l’éléphant’’, long métrage réalisé par Henri Joseph Kumba Bididi, le montage financier était estimé à 800 millions de FCFA, échelonnés sur trois ans. Un documentaire animalier est plus cher qu’un long métrage. Un acteur professionnel pour un jour de tournage, coûte excessivement cher.
J’ai comme l’impression que les autorités font dans le dilatoire, histoire de noyer le poisson. Les Droits d’auteurs, ou est-ce qu’on en est ? La question, qui a traversé des décennies de luttes acharnées et qui a donné lieu à d’âpres batailles aussi bien médiatiques que politiques, s’impose encore aujourd’hui. Les artistes seraient-ils devenus les dindons de la farce d’un pouvoir cynique qui ne comprend rien à l’importance des créateurs des œuvres de l’esprit, eux qui sont la soupape de sécurité sociale, la catharsis des maux de notre société malade de ses gouvernants ?
Le BUGADA, à beau donner de la voix, se heurte à un mur de promesses démagogiques et autres discours populistes. Les droits d’auteurs au Gabon, deviennent une véritable arlésienne qui, désormais, blaze de nombreux artistes qui ne croient plus en rien. Ils préfèrent vivre d’expédients dans lesquels les plombent ceux qui sont aux affaires. C’est la résilience, la vie continue !
Qu’on se le dise, les médias gabonais qui exploitent les œuvres de l’esprit, n’ont pas un matelas financier capable de verser les redevances aux créateurs dont ils exploitent les œuvres.
Les médias installés au Gabon disposent de quel budget pour financer toutes ces productions dont ils se servent pour meubler leurs programmes ? L’Etat, s’il ne peut pas payer les droits d’auteurs parce qu’assez lourd en termes de budget, peut trouver une alternative, une parade, pourquoi ne pas envisager, par exemple, une subvention annuelle pour tous ces créateurs d’ouvres de l’esprit comme ça se fait pour la presse privée dont la subvention a été ramenée à 500 millions de FCFA?
En fait, pour dire vrai, le ver est dans le fruit notamment dans le secteur de l’audiovisuel. La situation est volontairement entretenue par quelques salopards qui se prennent pour les mandarins du cinéma gabonais. Pour une journée de tournage, ils exigent des sommes pharaoniques alors que quand ils tournent en Afrique de l’ouest, ce sont des cachets de 50 000 FCFA qui leur sont versés par jour de tournage. Ce sont les mêmes qui, dans l’ombre, tirent les ficelles et induisent les autorités en erreur en leur donnant de fausses informations.
De nombreux artistes sont morts sans toucher leurs droits d’auteurs. Même sous terre, leurs œuvres sont allègrement exploitées !
Doit-on reprocher à l’artiste gabonaise Shan’L son coup de gueule contre les autorités gabonaises en charge de la culture depuis sa planque ivoirienne où les choses se passent autrement ?
Au fait, que deviennent les grandes résolutions du grenelle du cinéma gabonais qui, en 2023, deux mois avant le coup d’Etat, avait réuni la crème du cinéma ?
Franchement, est-ce que ce pays est sérieux ?