En recommandant la restitution de nos arts premiers volés par les colons, l’Unesco certes, a cru bien faire œuvre utile, mais ne s’est pas douté de l’imagerie populaire qui relègue ce patrimoine culturel au rang d’éléments sans grande utilité.
La valeur des arts plastiques chez nos gouvernants qui vouent un culte aux richesses tels que le pétrole et le bois, à leurs yeux, semble relever du simple résiduel dont ils peuvent aisément se passer. Ces masques qui, ailleurs, sont couverts d’une sacralité liturgique, au Gabon, ils sont frappés de disgrâce fatale.
Nombreux ignorent tout de leur beauté et qui, pourtant, a inspiré certains artistes-peintres aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis où le maître Jean Michel Basquiat est un bel échantillon de cette réappropriation de l’esthétique inspirée du vieux continent.
Certains incultes n’y voient qu’un objet inerte, donc sans vie, hideux, simplement bon pour terminer comme bois de chauffage ou dans un bac à ordures. A l’opposé de nos ancêtres qui, eux, vouaient à ces objets sacrés, un culte quasi-religieux.
Il a fallu que le reliquaire Kota vendu aux collectionneurs aux enchères aux Etats-Unis et dont la valeur marchande est estimée aujourd’hui à des milliards de francs CFA et d’autres masques qui trônent au musée du Quai Branly, situé dans le 7ème arrondissement de Paris, pour qu’on se réveille soudainement de notre état hypnotique dans lequel nous étions plongés jusqu’à un passé récent.
Le retour de ces objets chargés d’histoire, tant réclamé par certains Africains, pose un réel problème que l’on éclipse soit volontairement ou par déficit de vision réOn veut mettre semble-t-il la charrue avant les bœufs. Les mêmes égéries assermentées, du haut de leurs chaires, comme toujours, bricolent, échafaudent des théories savantes sans réelle emprise sur la réalité du terrain et qui, à la longue, se révèlent inopérantes. Finalement, quand le flop surgit, qui paie la note de ce gâchis organisé? Personne. Même les esprits de la forêt refuseraient de casquer et de cautionner la merde sécrétée par une élite corrompue !
On aurait tout d’abord commencé par mettre en place les conditions de leur réception et de leur conservation avant de se risquer à rapatrier ce patrimoine culturel.
Le Gabon dispose-t-il d’un musée digne de ce nom pour accueillir toutes les pièces si elles venaient à être toutes restituées ? Compte-t-il sur la bâtisse qui abritait les bureaux de l’ambassade des Etats-Unis, faisant désormais office de musée national, ou ce recoin non aseptisée et non aérée, gracieusement mis à la disposition du ministère de la Culture par une multinationale opérant dans le secteur du pétrole ?
Si nous sommes si déterminés à rapatrier ces biens culturels, pourquoi ne pas transformer, comme ça urge, le bâtiment qui abrite le Senat en musée national, vu qu’on peut se passer de la cargaison de bouffes cadeaux qui jouissent d’une parfaite sinécure et alourdissent inutilement les charges publiques ? Les lois votées à l’assemblée nationale peuvent bien se passer d’une deuxième lecture.
Ce n’est pas tout que de plonger dans un fanatisme patriotique pour le retour de ces objets en Afrique, il faut aussi, qu’il soit greffé à ce projet, une réparation financière ; rapatrier une partie des fonds générés par les musés européens, afin que cet argent serve à financer la construction des musées modernes où ces arts premiers seront exposés pour l’éternité.
Qu’en est-il, au fait, des peintures rupestres visibles dans certaines grottes du Gabon ?
Leur valorisation semble ne pas intéresser les gouvernants qui n’y voient aucun intérêt ni pour le tourisme ni pour les générations actuelles et futures qui doivent pourtant connaître leur histoire.
Ces lieux chargés d’histoire, tout comme ces objets rituels à forme stylisée, sont d’une valeur inestimable.
Le développement de l’industrie touristique au Gabon, demeure encore, hélas, dans un état végétatif.
Et pourtant elle constitue une niche de devises qui, pour son envol, ne demande qu’un peu d’audace politique et rien d’autre.
