Chez Ma Bouanga
Chaque semaine Sud-Version va vous emmener dans ses pérégrinations à travers le grand Libreville, et même à l’intérieur du pays s’il nous est donné l’occasion de nous rendre dans le Gabon profond pour vous faire découvrir les réalités mondaines de nos différentes localités. Pour ce premier numéro, nous vous entraînons dans un quartier du premier arrondissement de Libreville, Okala, dans un troquet pour le moins atypique de par son originalité conceptuelle, et son exiguïté qui n’a nullement d’effet sur le rythme des fréquentations.
Situé à quelques encablures de la première pompe d’Okala sur la nouvelle voie de contournement de l’aéroport, « Ma Bouanga Shop » est un troquet pour le moins insignifiant dès le premier coup d’œil. Avec un décor rustique qui fait penser à un bar de fortune des aventures de Lucky Luke. Et pourtant, cet espace d’à peine 9m2 pouvant à peine accueillir une dizaine de personnes, attire pas mal de monde issu de la classe moyenne en l’occurrence, si l’on s’en tient au nombre de véhicules stationnés devant le bistrot.
La gérante, Ma Bouanga, se considère comme une maîtresse (dans le sens académique du terme) et son bistrot, une salle de classe où les clients pris pour des élèves, quasiment les mêmes se rencontrent en ce lieu chaque jour ou presque. Tous les jours de la semaine, à partir de 17 heures, à l’ouverture de l’établissement, les clients arrivent un à un pour s’agglutiner quelques heures après dans ce lieu si exigu. Ils sont tous assis sur les six bancs fabriqués avec des matériaux de récupération et disposés deux par deux contres trois des quatre murs qui enveloppent la salle. Le quatrième, lui, servant de support à l’unique réfrigérateur à côté duquel se trouve un comptoir fait façon-façon. Et sur lequel on peut facilement apercevoir des condoms, des crèmes de mains, et bien d’autres articles admis à la vente.
La dernière fois où nous nous sommes rendus, c’était un vendredi de fin de mois, autrement dit celui-ci coïncidait avec l’anniversaire des fonctionnaires. Le bar était bondé à foison, comme on peut se l’imaginer, l’alcool coulait à flots. L’unique réfrigérateur transparent exposait fort judicieusement les boissons dont la variété semblait contentée tous les clients.
Sous l’effet éthylique, le troquet commençait à s’animer. Et les éclats de voix à se faire entendre au point que la musique du bar loin d’être tonitruante, s’effaçait progressivement pour laisser place aux débats. San sans autorité intellectuelle pour jouer le rôle modérateur, les débats allaient dans tous les sens. Chacun voulant à tout prix faire prévaloir son argumentaire et son talent oratoire même si celui-ci n’avait d’égal que l’étroitesse de ses connaissances intellectuelles.
Dans ce débat d’intellectuels de bistrot, personne n’arrivant à convaincre personne, le débat n’aura accouché que d’une souris. Il n’y avait pas grand-chose à se mettre dans le cerveau, tellement personne n’aurait appris grand-chose. Si peut-être une : éviter de prendre part aux débats de bistrot.
Floyd Mathody