Le Gabon a célébré, le 17 août dernier, son l’an 65, anniversaire de son accession supposée à la souveraineté internationale telle que décrétée par la Métropole, le 17 août 1960.
Soixante-cinq ans après cette ‘’sortie’’ du joug colonial, laquelle n’est en fait qu’une grossière arnaque de la part du colon très futé dans ses sordides manœuvres ‘’prédationnistes’’ face à une élite africaine corrompue, le Gabon ne dispose toujours pas de salles de théâtre dans toute les neuf provinces que compte le pays.
Comment alors valoriser la culture gabonaise si de tels espaces d’expressions culturelles n’existent que dans la paperasse poussiéreuse rangée dans des placards de l’institution en charge de la Culture?
Considérée comme le ferment identitaire par excellence d’un peuple, La culture mérite une place de choix dans les politiques publiques.
Malheureusement au Gabon, ne faisant pas partie des priorités, elle passe pour du simple accessoire dont le désintérêt chez certains gouvernants est palpable, à en juger par le peu d’initiatives visant à booster son éclosion.
Pour monter sur les planches à Libreville par exemple, il faut miser sur l’institut français, seul à disposer d’un théâtre construit dans les normes architecturales avec salle acoustique, estrades et loges…
Bibliothèque national : le péril ambiant
Le sort que connaît le théâtre national est similaire à celui des bibliothèques nationales dont on a doté les neuf provinces. Bibliothèques privées de tout système d’aération et pas du tout équipées et qui n’attirent pas grand monde faute d’ouvrages et de bibliothécaires formés.
Musée national à redimensionner
Si l’on peut considérer que le passage de l’ancien Premier ministre Alain-Claude Billie-By-Nze à la Culture a permis au pays de se doter d’un musée, bien que modeste, face à un désert qui nous confinait à un réduit insalubre mis à la disposition du Gabon par une compagnie pétrolière opérant à Port-Gentil, l’initiative en valait la peine. L’œuvre de ce compatriote, à saluer, mérite néanmoins quelques aménagements structurels. Le site n’offre pas assez d’espace pouvant abriter un musée conçu dans les standards internationaux. Surtout qu’il est désormais question de rapatrier les objets d’arts premiers volés par les colons sous la coloniale. Si ce site accuse quelques faiblesses dans la perspective d’un surdimensionnement, autant alors le délocaliser afin de construire un musée digne de ce nom.
Certains ministres qui se sont succédé à la tête du ministère de la Culture ne pourront arguer le manque de budget puisque l’institution jouit d’une ligne budgétaire qui plafonne à des milliards de Fcfa.
Prévues à 2 449, 40 milliards, loi des finances 2023 ; les recettes brutes du budget de l’Etat ont été exécutées à hauteur de 568 70 milliards au 31 mars de cette même année.
Seule alternative qui s’offre au théâtre national, c’est le ‘’théâtre des tréteaux’’ encore appelé ‘’théâtre de la rue’’, lequel va vers le public, seule bouée de sauvetage sans laquelle les arts dramatiques sont appelés à disparaître.
Depuis l’arrivée du Président Brice Clotaire Oligui Nguema, on sent un léger frémissement dans le gros œuvre structurant. Le ministère de la Culture qui a longtemps été abrité par un siège incrusté derrière la tribune officielle du bord de mer, et totalement en ruine et dans un état d’insalubrité indigne d’un pays riche, a vu la construction d’un siège moderne où les employés ne travaillent plus à l’étroit dans des espaces ressemblant plus à des cages pour animaux féroces qu’à des bureaux de travail.
Si les choses demeurent en l’état, on doit redouter le naufrage culturel chez les nouvelles générations qui perdront ainsi tout repère et deviendront ainsi des victimes d’acculturation, parachevant ainsi l’œuvre du colon blanc qui, pour nous soumettre à un conditionnement au goût de l’occident, a habilement gommé nos rites et traditions parce que, à ses yeux, satanistes.
La construction des théâtres dans les neuf provinces s’impose donc comme un impératif, car notre identité et notre dignité dépendent de notre prise de conscience à valoriser cette industrie culturelle encore en friche et qui, pour son ‘’essor vers la félicité’’, ne demande qu’un peu de volonté politique et rien d’autre.
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