Comme le veut la tradition bantu en cas de différent, le Gabon et la Guinée équatoriale, deux pays frères et aux relations diplomatiques vielles de plusieurs décennies, vont s’assoir autour d’une table pour une solution définitive à l’équation territoriale de plus en plus complexe qui les a opposés depuis une trentaine d’années.
La récente visite du président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema à Malabo où il a eu un tête-à-tête avec son homologue équato-guinéen Théodoro Obiang Nguema, s’inscrit dans cette veine.
La Cour internationale de justice (CIJ) de la Haye avait rendu son verdict concernant le différend territorial qui opposait les deux pays voisins. Les îlots de Mbanié, Conga et Cocotiers situées dans les eaux estuariens sur le golfe de Guinée, la Guinée équatoriale à désormais, à la lecture de l’arrêt rendu par la CIJ, une souveraineté territoriale et administrative sur ces trois îlots. Le Gabon, au terme du verdict rendu par cette Cour, voit son territoire s’élargir de près de trois cents kilomètres carrés dans la zone continentale, aux alentours des villes d’Ebébéine et Mongomo.
Les villages et leurs habitants désormais sous administration gabonaise et les trois îlots désormais appartenant à la Guinée, doivent, au-delà du verdict de la CIJ, faire l’objet d’un arrangement politique. Imagine-t-on le peuple équato-guinéen très intégré à la culture de leur pays actuel, devenir, par une décision de justice, Gabonais ? Ou peut-on évacuer les habitants des zones désormais sous administration gabonaise et les arracher à leurs terres natales et ancestrales ?
Ces questions ont dépassé les compétences de cette institution internationale de justice que seul un accord politique peut trancher. Ce n’est donc pas fortuit que les échanges entre les deux hommes à Malabo aient constitué l’avant-projet d’une base de travail que va piloter un comité conjoint d’experts des deux pays qui étudiera la faisabilité en vue d’un règlement pacifique.
L’arrangement pourra porter sur le partage de production pétrolière et des ressources halieutiques dont ces îlots regorgent. Pourquoi pas, au-delà de la production de ces richesses, en faire des sociétés balnéaires sous une administration commune ? Andorre, petite principauté indépendante située entre la France et l’Espagne dans les Pyrénées, ou Monaco, une autre petite principauté, connaissent une souveraineté territoriale partagée au nom d’accords politiques. Pourquoi ne pas s’en inspirer !
L’axe Malabo, première visite d’Etat après son investiture, a permis au chef d’Etat gabonais, en marge de la question sur le tracé territorial, de signer des accords bilatéraux dans les secteurs diplomatique, de la sécurité, de la culture et du sport.
La promotion et le renforcement des liens bilatéraux, fraternels et historiques n’étaient pas en reste de ces échanges.
Gustave Irapula