Seule voie plus ou moins viable qui dessert cinq des neuf provinces, du Nord-Ouest au Sud-Est du Gabon, le Transgabonais connaît de plus en plus des déraillements et autres accidents de trains qui ne finissent plus d’inquiéter les usagers en mobilité chaque jour entre Owendo et Franceville. Le tout dans un contexte de saturation dû à un afflux important de voyageurs en cette période de vacances.
Des trains annoncés puis suspendus, des voyages reportés à la dernière minute, des usagers déboussolés et parfois abandonnés à leur sort, sans explications, des horaires de voyages pas toujours respectés, des voyages de plus en plus longs qu’auparavant. Tel est désormais le quotidien des passagers des trains en circulation entre les gares d’Owendo et de Franceville au Gabon.
Comment expliquer cette série noire d’accidents de trains sur le réseau ferroviaire national? Question manifestement sensible pour la Setrag, la société d’exploitation du Transgabonais abonnée au mutisme, sauf lorsqu’il s’agit des opérations de communication et autres publicités qui maquillent la réalité de ses limites.Toutefois, l’état profondément dégradé du chemin de fer ne serait pas étranger à ces déraillements qui occasionnent des interruptions de trafic, avec toutes les conséquences économiques entre autres. Ce qui pénalise souvent les passagers qui paient pourtant cher pour peu de confort à bord.
Cahier de charges pas toujours respecté
A L’ARTF, l’autorité de régulation des transports ferroviaires, le Secrétaire exécutif, Adrien MOUKABI explique par exemple que le renouvellement des traverses en bois doit se faire tous les 10 ans, celui des traverses en béton, tous les 40 ans. En réalité, les programmes de modernisation de la voie ferrée n’ont toujours pas été suivis. Par exemple, sur 40 voies de contournement prévues par le cahier de charge de la convention de concession avec l’Etat Gabonais, Setrag n’en a construit que 16 à ce jour.
Or, entre la circulation des trains minéraliers, marchandises et voyageurs, la saturation est manifeste pour l’unique voie ferrée du Gabon qui montre désormais ses limites. Surtout pour une infrastructure vieille de plus de 50 ans.
ARTF, un contrôleur sans moyens
Plus grave, l’ARTF en tant qu’outil de contrôle ne dispose pas de moyens techniques nécessaires pour cette tâche. Le pont bascule qui doit réguler le tonnage pas toujours respecté des différents trains n’est encore qu’au niveau des études de faisabilité, conception et appel d’offres. Tout comme l’audit quinquennal qui doit auditer les engagements de l’État, le concessionnaire et la Setrag. En gros, c’est une ARTF démunie, qui doit veiller au respect des normes par une Setrag dont l’absence du contrôle de conformité, rejaillit immanquablement sur la fiabilité et la sûreté du transport ferroviaire au Gabon. Surtout en cette période de vacances, marquée par un afflux important de voyageurs qui, visiblement, submerge les capacités de la société. Une société jouissant d’un monopole absolu, en raison notamment du manque criard d’infrastructures routières de qualité au Gabon, mais qui semble avoir grand-peine à répondre à la demande.
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