La tension est montée d’un cran au Centre de formation professionnelle Basile Ondimba (CFP), et à l’Agence nationale de formation et d’enseignement professionnels (ANFEP) où les vacataires accusent plusieurs mois de vacations impayées. Ces deux structures publiques de formation et de renforcement des capacités sont, depuis 7 mois, paralysées par un mouvement d’humeur qui s’est radicalisé et soldé par le gel des cours.
Les apprenants, faute de formateurs, sont donc condamnés à se tourner les pouces à la maison tout en espérant une reprise qui, jusqu’ici, demeure hypothétique. A moins que la providence change le cours des événements face à une situation qui s’enlise et dont seuls les apprenants payent le plus lourd tribut. Ce qui est peu probable, ce d’autant plus que les têtes de décideurs financiers sont tournées vers ce qui devient le centre de gravité et polarise toute leur attention, c’est-à-dire l’élection présidentielle du 12 avril prochain. Un scrutin qui passe pour la priorité suprême et, par conséquent, éclipse toutes les autres préoccupations. Lesquelles, aux yeux de ceux-là en charge des arbitrages budgétaires, relèvent du simple résiduel dont on peut se passer.
Le Gabon se gargarise, par la voix de son ministre des Comptes publics Charles Mba, d’avoir réglé les arriérés des créances vis-à-vis de la Banque mondiale, soit une ardoise estimée à 17,9 milliards de FCFA. Paradoxalement, le pays peine à évacuer les vacations qui, pour le cas de l’ANFEP comptant 14 démembrements disséminés à travers tout le pays, flirtent avec les 900 millions de FCFA. Du pipi de chat à côté des sommes stratosphériques que le pays décaisse pour des opérations bling-bling, donc contre-productives.
Des agents du trésor, pour justifier cette situation, à leur corps défendant, parlent de tension de trésorerie. Argument passe-partout qui laisse leaders syndicaux et vacataires dubitatifs.
En 7 mois que la situation piétine, l’Etat n’arrive pas à éponger une ardoise aussi insignifiante pour un pays dont les dirigeants paradent au quotidien pour nous annoncer fièrement le lancement de grands projets. On peine à le comprendre.
Une autre incongruité qui s’ajoute au problème des vacations non soldées, l’absence de matière d’œuvres, des outils pédagogiques pourtant nécessaires à la transmission des savoirs. « Et même si la reprise est effective, comment reprendre dans de telles conditions ?», s’interroge un formateur ayant requis l’anonymat.
Souvent interpellé par les leaders syndicaux sur ces différents manquements qui douchent le moral des enseignants, le Directeur général de l’Agence Nationale de Formation et d’Enseignement Professionnelle, Léandre Nour Kiki, souvent pris à parti par les ayants-droit et qui se retrouve dos au mur, ne sachant plus où donner de la tête, avait déjà joué sa partition.
Les états de paiement ont déjà été déposés au Budget. A quel niveau se trouve alors le facteur bloquant ? Y avait-t-il une main invisible qui aurait intérêt à ce que la situation piétine? Simples questions de bon sens…
A croire que les Seigneurs qui exercent au Trésor public, du haut de leurs supers pouvoirs décisionnels non sans duplicité et de condescendance, ont besoin de plusieurs années de réflexion avant de traiter ce dossier ‘’sensible’’ par sa complexité, quitte même à importer une expertise additionnelle.
On se pose de sérieuses questions sur les errements, dont tout le monde se plaint, de nos experts financiers du trésor qui, pour faire ce boulot, touchent des indemnités plafonnées à plusieurs millions de FCFA. Lorsqu’on sait que dans un pays sérieux, 7 mois d’arriérés des vacations relèveraient d’une curieuse exception, nous laisse songeur.
Aux fins de trouver un dénouement à cette situation qui patine de plus belle, des correspondances avaient été adressées aux plus hautes autorités dont le ministre de tutelle et le Premier Ministre. Une démarche citoyenne restée sans suite.
C’est à croire que l’opération « restauration de la dignité des Gabonais » tant scandée avec une frénésie quasi maladive par les membres du Comité pour la restauration des institutions(CTRI), s’est essoufflée 18 mois seulement après avoir été lancée…
Pascal Laurent