L’hyperprésident, Brice Clotaire Oligui Nguema, nouvellement investi dans ses très hautes fonctions le plaçant courageusement à la tête du Gabon, en concentrant dans ses mains tous les pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), a réussi à neutraliser tout ce qui pouvait encore constituer une sorte de digue à son pouvoir en passe de fondre dans un totalitarisme dans le modèle nord-coréen ou Russe.
Gommer le poste de Premier ministre pour le remplacer par un vice-président chargé de la coordination du gouvernement, tout un symbole qui trahit le consensus républicain.
Le chantier de ce saccage, cette destruction des fondements de la République, ne s’arrête pas là. Il s’étend même au-delà.
On comprend aisément qu’il veut calquer le modèle américain. A la différence qu’aux Etats-Unis, les contre-pouvoirs, les gardiens du Temple démocratique, sont très puissants et ne peuvent pas se laisser instrumentaliser par l’exécutif.
Faute de contre-pouvoirs institutionnels, l’opposition gabonaise, qui aurait pu jouer un rôle de gardes fous, va simplement être neutralisée et réduite à sa plus simple expression.
Avec un cynisme sournois, l’hyperprésident a tout prévu. Et pour expliquer l’œuvre de sabordage des différents cercles d’opposition, il a convié les chefs des partis politiques à la Présidence de la République dans le cadre d’un échange sur l’avenir du paysage politique gabonais.
Le trop plein de formations politiques dont la majorité de ces partis politiques n’existe que de nom, connaîtra une purge afin d’adapter le nouveau paysage politique à la norme imposée par le Seigneur Oligui.
Les partis politiques deviendront ainsi des hybrides qui, greffés à de grands blocs coalisés, dérouteront tout observateur qui aura du mal à cerner les partis de l’opposition et ceux de la galaxie oliguienne.
Dans un unanimisme confondant, un consensus digne d’adeptes des cercles franc-maçonniques, les chefs de partis ont avalé l’amère pilule que voulait faire passer le Président Brice Clotaire Oligui Nguema : ‘’18mille adhérents à travers tout le pays, un siège, un compte bancaire, cinq parlementaires et trente élus locaux, des mesures qui, désormais, devront dicter la création et l’existence d’une formation politique en terre gabonaise.
Une exigence qui sera assortie du redécoupage électoral suivi d’un redécoupage administratif sur l’ensemble du territoire. Toutes choses qui s’imposent en effet, parce qu’il faut corriger les erreurs volontairement commises par Albert Bernard Bongo dont l’objectif était d’avoir le contrôle de tout l’appareil législatif en plus des deux autres pouvoirs déjà domestiqués.
Un village ou deux pouvaient avoir un député à l’assemblée nationale. Une curiosité historique dont on s’est bien accommodé des décennies durant.
Toutes ces mesures en gestation sont issues du dialogue d’Angondjé dont la feuille de route avait déjà été tracée d’avance. Cette rencontre n’était que pure formalité qui va être actée par les deux commissions ad-hoc dont les membres ont déjà été cooptés et commis à l’ouvrage.
L’on s’achemine donc vers l’assainissement du paysage politique salué par de nombreux acteurs qui estiment que la floraison des partis politiques obéissait à une stratégie, celle de compter parmi les leaders politiques du pays grassement entretenus depuis Albert Bernard Bongo en contrepartie de leur rôle joué dans le film, le long métrage qui avait pour trame la personnification du pouvoir incarné par ce sombre personnage et tourné quarante-trois ans durant. Légitime certes, car on ne pouvait plus s’accommoder de plus d’une centaine de partis politiques dont les militants étaient constitués du couple présidentiel et de ses rejetons, il fallait donc que l’on procède à un curage, un recadrage, mais cette disposition à la faiblesse de cacher d’autres visées. Celles de réduire le nombre de partis à quelques représentations acquises à la cause d’Oligui Nguema, les partis qui l’ont soutenu lors de la présidentielle du 12 avril dernier et qui l’ont portés au pouvoir avec un score explosif de 94, 85% des suffrages exprimés.
La presse, elle aussi phagocytée au nom d’un ‘’journalisme de connivence’’, Serge Halimi du journal le Monde diplomatique, dans son essai, nous donne d’ailleurs quelques éclairages sur les dessous d’une pratique journalistique vieille comme le monde.
Les leaders de la société civile qui auraient pu jouer leur partition à défaut d’une opposition désormais instrumentalisée, phagocytée, se retrouvent au Conseil économique, social, environnemental et culturel ou au Parlement. Quel crédit alors accorder à de tels individus dont les batailles pour les luttes en faveur du mieux-être social, les libertés individuelles, les droits civiques ou les droits de l’Homme, sont désormais noyées dans la mare de leurs intérêts égoïstes ?
Le tapis rouge, incontestablement, est tout déroulé pour Brice Clotaire Oligui Nguema qui peut désormais dormir tranquille.
Il ne se fait aucun doute, qu’on s’achemine vers le retour à une sorte d’absolutisme.
Vladimir Poutine, le Président Russe, Kim Jong Hill de Corée du nord, peuvent en être fières, puisqu’ils ont désormais leur alter égo au Gabon.