Réaction citoyenne
En parcourant votre article intitulé ‘’grand banditisme dans le Woleu-Ntem’’, tout en émettant quelques réserves quant à son contenu que je trouve quelque peu excessif, je tiens à apporter, en toute modestie, quelques observations.
Les incidents survenus à Oyem et à Mitzic et dont l’ancien Premier Ministre, Alain Claude Billie By Nze(ACBN) et sa délégation ont fait les frais, étaient, de mon point de vue, prévisibles. Et ACBN ne pouvait ne pas savoir que son ballon d’essai allait entrainer de vives protestations.
Ce qui s’est passé dans ces deux villes de la province du Woleu-Ntem, ce qui est d’ailleurs à déplorer, est la conséquence des frustrations ruminées au quotidien par de nombreux Gabonais qui n’ont pas encore fait le deuil des violences politiques sous l’ancien régime.
Ces actes d’une extrême brutalité avaient entrainé des pertes en vies humaines assorties d’effets collatéraux.
Cette sortie inopportune, parce que hors du cadre légal, le début de la campagne étant fixé par les autorités en charge des élections au 29 mars prochain, sonnait comme un affront, voire une provocation de trop.
Si la délégation avait poursuivi sa tournée politique à Minvul, Bitam (dont était originaire Mboulou Beka tombé sous les balles du pouvoir), et Port-Gentil (ville de la province de Jean Ping dont le siège du parti avait été pris d’assaut par des hommes armés au sortir de la présidentielle de 2016), des villes frondeuses et connues pour leur radicalité à l’endroit de l’ancien pouvoir, la réaction aurait pu être la même et peut-être même la plus violente.
Les Gabonais qui n’oublient pas l’histoire politique de leur pays, sont un peuple imprévisible. Ils ont ceci de particulier c’est qu’ils donnent l’impression d’être soumis ; un peuple sur lequel n’importe qui peut marcher. Mais son réveil est souvent brutal.
Ils n’ont pas oublié les affres essuyées sous l’ancien régime. Le déchainement des passions peut alors se comprendre.
La politique est la science de l’absurde, des intrigues et des extrêmes. ACBN le sait. Lorsqu’on s’y investi, il faut savoir qu’on marche sur des œufs.
Les rivalités politiques donnent souvent lieu à des sorties de piste fatales, la fin justifiant les moyens. En tout cas en politique, la moralité n’est pas une vertu.
Souvenez-vous de la mésaventure vécue par le candidat Barreau Chambrier à la Présidentielle de 2016 à Okondja dans la Province du Haut-Ogooué. Jean Pierre Lemboumba Lepandou, pour avoir soutenu cette candidature depuis son exile français, sa résidence d’Okondja fut mise à feu.
L’on n’a pas non plus oublié les violences politiques de 93 à Lémbamba dans la province de la Ngounié. ACBN est bien placé pour le savoir puisqu’il était, à cette époque, un des lieutenants du Père Paul Mba Abessole, alors leader du parti d’opposition les Bucherons.
En politique, les coups tordus, les intimidations, les arrestations sommaires, font partie du jeu. Surtout en Afrique et dans certains pays de l’Amérique latine où les opposants, si leur intégrité physique n’est pas mise à prix, sont jetés en prison pour des motifs tirés par les cheveux.
Ces pratiques au Gabon, faut-il le préciser, ne datent pas d’aujourd’hui. Même sous Léon Mba (premier Président), elles avaient déjà cours.
Donc, on aura compris que les violences politiques s’expriment de diverses façons partout dans le monde. Ce n’est donc pas l’exclusivité des extrémistes du Woleu-Ntem, ainsi qu’essaie d’insinuer votre article.
Le Comité de transition pour la restitution des institutions(CTRI) va sans doute corriger les dysfonctionnements hérités de l’ancien système mais pas les mentalités de certains Gabonais très ancrées dans leurs subconscients.
Et ça, c’est une autre paire de manche.
Citoyen gabonais résidant à Montpellier en France