En réaction à la sortie des Avocats français de Sylvia et Noureddine Bongo qui le taxent d’incompétent, notamment sur la question de la liberté provisoire accordée à leurs clients qui ont déposé plainte en France contre l’État gabonais, le procureur général de la Cour d’appel judiciaire de Libreville, Eddy Minang, s’est insurgé mercredi 23 juillet contre l’attitude condescendante des avocats des deux mis en cause.
C’est le nouvel épisode dans l’affaire Sylvia et Noureddine Bongo, l’ex-première dame du Gabon et son fils poursuivis par la justice gabonaise. En détention préventive depuis le renversement du régime d’Ali Bongo Ondimba par l’armée le 30 août 2023, les accusés ont réussi à sortir du Gabon en mai dernier. Une sortie motivée par des raisons humanitaires d’après le procureur général de la Cour d’appel judiciaire de Libreville Eddy Minang, qui avait évoqué une liberté provisoire. Et c’est justement sur cette notion de liberté provisoire qu’il a été repris par l’un des avocats de Sylvia et Noureddine, qui avait pointé du doigt, l’incompétence professionnelle du procureur de Libreville, expliquant qu’on ne peut pas parler de liberté provisoire dans le cadre d’une décision provisoire. Une leçon de droit si largement commentée sur la toile qu’Eddy Minang a dû sortir de son silence ce mercredi 23 juillet pour essayer d’éteindre l’incendie.
Ignorance du droit gabonais
Visiblement contrarié, le procureur général de la Cour d’appel judiciaire de Libreville a rappelé les dispositions du code de procédure pénal en vigueur en république gabonaise, notamment en son article 143 dont l’esprit dispose en substance qu’une personne en détention préventive ou son avocat peut, avant ou pendant le procès, demander sa mise en liberté provisoire. Pour le procureur, la liberté provisoire et la détention préventive existent bel et bien dans la loi gabonaise. Il ne s’agit nullement d’une détention provisoire comme l’ont laissé entendre les avocats français, sans avoir au préalable lu le code de procédure pénal gabonais. A la lumière de cet éclairage, Eddy Minang dénonce l’attitude condescendante de l’avocat en question qu’il taxe de complexe de supériorité hérité de la colonisation française. D’autant que l’avocat en question n’est pas à sa première sortie du genre en Afrique, l’intéressé ayant déjà fait la même chose en 2013 au Sénégal. Vu donc la gravité des faits, le procureur général de la Cour d’appel judiciaire de Libreville dit se réserver le droit de saisir le bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris. Car “magistrats et auxiliaires se doivent respect mutuel. Et ce par delà les frontières”, a rappelé Eddy Minang.
Pour rappel, l’ex-première dame du Gabon, Sylvia et son fils Noureddine Bongo sont poursuivis pour détournement de fonds publics, blanchiment des capitaux entre autres. Leur procès, initialement prévu pour fin juillet a finalement été reporté à novembre 2025. Alors que la famille Bongo se trouve actuellement en exil à Londres, tout porte à croire qu’ils seront jugés par contumace.
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