mercredi, novembre 19, 2025
spot_imgspot_imgspot_imgspot_img
AccueilPolitiqueCTRIProcès-spectacle : que fait-on du cas Bongo et certains de ses complices encore...

Procès-spectacle : que fait-on du cas Bongo et certains de ses complices encore en liberté ?

La saga judiciaire se poursuit au Gabon avec des fortunes diverses.

Dans la capitale gabonaise, ces derniers jours, se poursuivent les audiences à la Cour criminelle spéciale qui juge les délinquants financiers.

Après la condamnation, mardi dernier, par contumace de Sylvia Valentin et de Noureddine Valentin son fils présumé à 20 ans de réclusion criminelle assortie d’une amende de 100 millions de FCFA, la confiscation de leurs biens et un mandat d’arrêt, c’est autour des co-accusés, membres de la galaxie Valentin ,qui répondent actuellement de leurs crimes financiers devant les magistrats.

Des griefs à leur charge portent sur plusieurs milliards de FCFA pompés au Trésor public, on parle aussi de transferts d’argent plafonnant à plusieurs milliards de FCFA, y compris ‘’des bonus pétroliers occultes’’ et une gestion financière opaque avec des ramifications sur les comptes privés et publics, ‘’blanchiment d’argent et association de malfaiteurs’’.

Les sentences de ce grand procès à plusieurs rebondissements seront sans doute prononcées dans les tout prochains jours.

Si la mère et son fils supposé sont les principaux acteurs de ce vaste réseau mafieux ayant des tentacules diverses dans la chaîne de décisions, on déplore cependant l’absence à ce procès hyper-médiatisé, de quelques ‘’chaînons manquants’’ dont le rôle fut pourtant  déterminant.

L’un d’eux, tel un chef de la Cosa Nostra, mafia silicienne, encore connue sous l’appellation de la ‘’pieuvre’’, régnait à la tête de la coupole au quartier résidentiel à la Sablière où siégeaient tous les membres du ‘’clan’’. L’un de ces ‘’chaînons manquants’’ n’est autre que l’ancien président gabonais Alain Bernard Bongo, qui jouit actuellement d’un exil doré à Londres aux côtés de sa famille sous le coup d’un mandat d’arrêt.

Ce monsieur aurait dû être placé au banc des accusés tout comme le trader de la famille.  Depuis Bongo père, c’était lui la lessiveuse de l’argent sale des Bongo acquis dans des conditions troubles. L’homme effectuait, dit-on, des virements dans des comptes offshore à l’étranger pour le compte de la famille Bongo. Un peu narcissique, voire nombriliste comme tous nouveaux riches, le personnage trône à la tête de la plus grande banque et tient dans ses mains les comptes publics, une hérésie pour les puristes des milieux financiers qui parlent de conflit d’intérêts.

L’autre chaînon manquant au procès, et pas des moindres, est le très flamboyant Yann Koubdje, alors patron du Trésor au moment des faits jugés ; celui par qui passaient toutes les transactions financières toxiques, aujourd’hui en liberté sans être inquiété. Pourtant ce nom revient souvent lors du procès. Par des contorsions juridiques, les juges ne s’encombrent pas de le placer au banc des accusés. Sans doute très puissant pour être humilié tel un vulgaire braqueur de banque. Et si certains au sommet de la pyramide lui sont redevables pour avoir obtenu par ses soins des passe-droits ? Une main noire tirerait-elle les ficelles dans l’ombre ? Sait-on jamais, surtout dans un pays foncièrement métastasé par une corruption à grande échelle.

La crise d’accident vasculaire cérébral (AVC) qui a frappé l’ancien président ne doit pas être un argument juridique pour échapper à la justice. Il doit être jugé comme les autres malfrats pour les crimes financiers et de sang. N’a-t-il pas claqué, pour sa campagne à l’élection présidentielle de 2023, la somme astronomique de 80 milliards de FCFA puisée directement dans les caisses du Trésor public?

Klaus Barbie, dit le boucher de Lyon sous le régime Nazi, du haut de son âge très avancé au moment de son arrestation qui mettait ainsi un terme à une cavale qui avait duré des années, n’avait-il pas été jugé, puis jeté en prison bien qu’étant malade ?

Alain-Bernard Bongo doit répondre de ses crimes. Il doit être jugé même par contumace. Sa maladie ne doit pas l’absoudre de tous ses pêchés, ainsi que l’estiment certains, emportés sans doute par l’émotion. C’est à croire qu’ils sont tous atteints du syndrome de Stockholm.

Si toute la ruche mafieuse n’est pas à la barre et mise hors d’état de nuire, ce procès court le risque de n’être qu’un spectacle désolant ; une grotesque et ridicule mise en scène, voire une farce de très mauvais goût qui va ruiner le peu de crédit accordé par les usagers quant à l’indépendance d’une justice déjà controversée que d’aucuns qualifient de ‘’justice aux ordres’’.

Pascal Laurent

spot_imgspot_imgspot_imgspot_img
ARTICLES CONNEXES
- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img
- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img
- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img
- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img
- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img
- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img