Inexorablement, la campagne électorale en vue de la présidentielle de samedi prochain touche à sa fin (il ne reste plus que deux jours de propagande). Deux semaines durant, les états-majors politiques des différents candidats ont rivalisé d’imagination et d’ingéniosité pour convaincre les électeurs de faire basculer leurs intentions de vote en faveur de chacun de leurs candidats.
Tout au long de ces deux semaines de campagne, la mobilisation était au rendez-vous (en dépit des intempéries), notamment en ce qui concerne le candidat du Rassemblement des bâtisseurs (RDB), Brice-Clotaire Oligui Nguema, qui a quasiment aimanté toute la population. Les électeurs ont donc eu suffisamment de temps pour pouvoir comparer les programmes des huit candidats en lice, lesquels à leur tour ont également eu suffisamment de temps pour convaincre l’électorat de la pertinence de leur programme respectif et des idées qu’ils défendent.
Une question se pose cependant : les populations sont-elles suffisamment prêtes pour orienter leur vote en se fondant sur les débats d’idées et la qualité des programmes des candidats, les aspects fondamentaux pour asseoir une démocratie ? Au regard des faits observés sur le terrain, il semble que la réponse est non. Comme en témoigne la déferlante auprès du candidat des bâtisseurs pour se rendre compte que les électeurs sont plus portés à suivre le candidat le plus fortuné, celui à même de leur garantir des gadgets multiformes, voire débourser quelques espèces sonnantes et trébuchantes pour s’en convaincre.
En réalité, elles n’en ont cure, du moins pour bon nombre d’entre elles, de savoir ce que les uns et les autres proposent en termes de gouvernance. Ils préfèrent suivre les candidats auprès desquels ils peuvent recevoir des tee-shirts, des caquettes, des pagnes et bien d’autres gadgets possibles en plus du nerf de la guerre. Dans ce cas d’espèce, c’est le candidat du Rassemblement des bâtisseurs vers qui toute l’attention de cette catégorie d’électeurs se tourne.
Une attitude qui traduit, sauf à s’y méprendre, le manque de culture politique de nombre de nos concitoyens qui s’accrochent à des éléments artificiels, voire superfétatoires pour déterminer leur vote dans une élection aussi importante que la présidentielle. Tout porte à croire que le mode de participation des citoyens aux élections est encore dans ses balbutiements et bien éloigné de l’idéal démocratique souhaité par tout le monde.
Lorsque l’électeur n’est pas guidé par l’obtention d’un gadget pour accomplir son devoir de citoyen, il s’arc-boute sur son appartenance ethnique, religieuse, régionale ou même philosophique pour le faire. Autant de réflexes pavloviens caractéristiques des sociétés féodales qui montrent à suffisance qu’on n’est pas encore sorti de l’auberge trente-cinq ans après le retour du multipartisme dans notre pays.