Le Comité pour la transition et la restauration des institutions(CTRI) vient de lancer, il y a quelques semaines, une vaste campagne de Com à travers tout le pays. Son objectif : influencer le vote des Gabonais en faveur du oui au prochain référendum. C’est dans cette optique que des panneaux d’affichage géants trônent outrageusement le long des voies à grande circulation. Des panneaux sur lesquels sont placardés des tronches d’illustres inconnus pour la plus part, et qui portent ce message hautement pensé par ses communicants : « je vote oui au référendum ». L’on s’interroge sur l’opportunité ou l’utilité d’une telle campagne d’affichage qui justifierait une telle opération aussi superflue que dispendieuse?
Le coût de l’opération demeure encore un mystère. D’aucuns parlent de plusieurs centaines de millions. Sans doute ponctionnés directement sur le budget du CTRI estimé à 200 milliards de Francs. Un réel gâchis pour une opération aussi inutile dont on pouvait pourtant se passer.
Cette campagne de Com vise donc à influencer le vote des Gabonais. Est-ce le rôle du CTRI de battre campagne pour le oui ? De quoi se mêle-t-il ?
Procéder ainsi, c’est faire entorse aux libres choix des potentiels électeurs et à l’expression démocratique. C’est caporaliser, voire infantiliser les Gabonais qui passent désormais, aux yeux du CTRI, pour des majeurs incapables ou à placer sous curatelle. Puisqu’il a déjà fait son choix à la place des votants. Ce n’est pas tout que de nous rabâcher les oreilles avec des communiqués à la tonalité martiale comme si on était en état d’urgence maximale! On attend le CTRI sur d’autres fronts et non dans des opérations tape à l’œil.
A qui le CTRI rend-t-il des comptes quant à sa gestion des 200 milliards de son budget ? Le comptable public a-t-il seulement un droit de regard sur la gestion de cette somme astronomique ?
Au fait, quelle est la direction prise par d’importantes sommes d’argent arraisonné. Cet argent dont personne ne connait le montant global, hormis le CTRI, est-il toujours dans un compte séquestre domicilié à la CDC, comme on nous l’avait annoncé, ou, a-t-il pris une direction inconnue ?
Laure-Patricia Manevy