Ebomaf : alternative crédible ou simple pis-aller ?
Accusé par les employés de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) d’être à l’origine du blocage de la matérialisation de la concession signée en février dernier entre le gouvernement gabonais et le groupe Ebomaf en vue de sortir cette entreprise publique gabonaise, en proie aux difficultés multiformes, de la léthargie dans laquelle elle s’est engluée, le directeur général de la CNNII, le contre-amiral Alain-Jérôme Mounget Ingoule, a tenu à démentir les allégations contre lui et son ministre de tutelle portées contre eux s’agissant du blocage sinon de la lenteur quant à la mise en œuvre de la concession susmentionnée.
Ce dernier a, en effet convié les employés de la société dont il a la charge à une réunion de clarification afin de dissiper les malentendus et surtout tordre le cou aux informations aussi persistantes qu’erronées qui le mettent lui et son ministre de tutelle au cœur d’une machination visant à court-circuiter l’application de la concession que les agents attendent avec impatience vu que celle-ci va déboucher sur le payement de dix-sept mois d’arriérés de salaires qui leur sont dus depuis des années. Un exercice de communication qui visait deux buts en réalité : le premier pour dissiper les malentendus entre la direction générale et les employés, pour éviter d’ajouter une braise incandescente dans une maison déjà en flamme. Et, le second, livrer sa part de vérité concernant le retard pris dans la mise en route de la concession.
L’on retiendra de l’intervention du DG qu’il y a comme un conflit de compétence entre la CNNII et le concessionnaire Ebomaf. Le groupe souhaite avoir le contrôle entier de la gestion de l’entreprise. Même s’il s’agit de l’achat du papier toilette, le DG doit se référer à Ebomaf. Ce qui constitue une absurdité, pour ainsi dire. Pour le contre-amiral, le véritable problème réside dans le fait qu’Ebomaf a promis de mettre sur la table 8 milliards de FCFA pour le remboursement de la dette de la CNNII qui s’élève à environ six milliards de FCFA, mais que jusqu’à présent aucun copec n’est sorti de ses poches. Pour quelle raison ? Là demeure tout le mystère. D’aucuns pensent que le groupe n’a pas l’argent qu’il prétend avoir. La signature de la concession n’aurait été en définitive qu’une entourloupe. Vrai ou faux, on en saura davantage dans un proche avenir.
Toujours est-il qu’après l’intervention du DG, les délégués du personnel ont eu tour à tour la parole pour exposer les raisons de leur colère. A entendre les uns et les autres, il semble que ce soient les responsables d’Ebomaf qui ne jouent pas franc-jeu. Ils alimentent des rumeurs et diffusent des contre-vérités pour discréditer la direction générale et le ministère de tutelle, les accusant d’être responsables du retard à l’allumage de la concession. Ce qui est faux, clame le contre-amiral.
BOUCS-EMISSAIRES ?
A entendre le DG de la CNNII, le ministre de la Marine marchande, Loïc Ndinga Moudouma, et lui apparaissent aux yeux des employés comme de parfaits boucs-émissaires.
Le contre-amiral a égrené un certain nombre d’éléments qui montrent clairement que s’il y a un facteur bloquant dans le lancement des opérations de redressement de la société, ni lui ni le ministère de tutelle ne sont en rien concernés. Il pointe plutôt un doigt accusateur sur les responsables d’Ebomaf qui ont promis monts et merveilles à l’Etat gabonais, mais qui aujourd’hui semblent incapables d’honorer leurs promesses, mis à part l’achat de deux bateaux qui mouillent au large des côtes gabonaises, mais qui sont pour le moment inexploitables parce que inappropriés à la navigation sur les eaux territoriales.
Sinon, comment comprendre, s’interroge-t-il, qu’ayant promis de décaisser 8 milliards au titre du remboursement de la dette de la CNNII dont le payement des arriérés de salaire du personnel, le concessionnaire n’a encore rien sorti jusqu’à présent ? S’illustrant plutôt par des attitudes funestes visant à mettre en conflit la direction générale et les employés, en manipulant certains agents qui ne vont pas tarder à découvrir le véritable visage de ce groupe qui ressemble, sauf à s’y méprendre, à une nébuleuse et ses dirigeants à de fay-mans.
Il vous souviendra qu’il y a quelques années, un certain Sene Ndongo, un rastaquouère Sénégalais, avait promis au gouvernement gabonais la construction de plus de six mille logements sociaux. N’ayant pu les réaliser, il s’était volatilisé dans la nature en empochant plusieurs milliards du contribuable gabonais après avoir entourloupé les autorités gabonaises.
Toute chose égale, par ailleurs, ce qui a été possible pour Sene Ndongo peut l’être aussi pour le Burkinabé, Mahamadou Bonkoungou le P-dg d’Ebomaf.
Empêtrée dans une situation économique difficile marquée notamment par une sécheresse financière criante, croulant, qui plus est, dans une dette abyssale auxquelles s’ajoute la défaillance de l’outil de production, la Société nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) n’est toujours pas sortie de sa léthargie. Même l’assistance respiratoire à laquelle elle aspire n’est toujours pas de mise.
Tout simplement parce que depuis la signature de la concession en février 2024, la machine n’est toujours pas relancée. Bien au contraire, elle se grippe chaque jour un peu plus. Le repreneur de la CNNII, au lieu d’injecter les sommes promises, se livre plutôt à un petit jeu déplacé du « faurissonisme » de bas étage en se livrant à des actes improductifs pour l’entreprise.
Si bien qu’à la petite lueur d’espoir suscité au lendemain de la signature de la concession a succédé un sentiment de doute et de suspicion qui ont fini par pourrir l’ambiance dans une maison qui a plus besoin de sérénité que d’une ambiance délétère faite de chausse-trappe, de commérages sur fond de manipulation.