Quatre enseignants du Collège d’enseignement secondaire (CES) de Moulengui-Binza écroués à la prison de Tchibanga, chef-lieu de la province de la Nyanga (le sud-ouest du Gabon) pour viol sur mineures, tentative d’avortement et harcèlement sexuel, nous apprend le journal pro-gouvernemental L’Union.
Le phénomène, vieux comme le monde, ne touche pas seulement que des bourgades perdues dans les coins et recoins de l’arrière-pays. Même les villes n’y échappent pas.
Depuis les années 60 à nos jours, ces pratiques qui sont d’une récurrence flippante, semblent banalisées, sinon tolérées par les dirigeants qui font preuve de laxisme.
Ils sont combien d’enseignants du primaire, du secondaire et de l’enseignement supérieur dont les conjointes ont été puisées dans le vivier scolaire et à un âge mineur?
S’il faut enquêter dans les milieux scolaires d’aujourd’hui pour ces faits si décriés, nos prisons manqueraient d’espace pour accueillir ces pensionnaires en sursis.
Les viols sur mineures, les cas de harcèlements sexuels, les grossesses précoces non désirées, les avortements de partenaires ayant à peine atteint la puberté, sont légion.
Le phénomène a pris une telle ampleur que certaines victimes, pour échapper à leurs bourreaux, n’ont d’autres choix que d’aller étudier à l’étranger. D’autres, dont les parents sont dépourvus de moyens pour envoyer leurs filles à l’étranger, subissent, stoïques, les assauts de ces monstres sans les dénoncer de peur de voir leur vie scolaire mise à mal.
Celles, victimes d’abus sexuels, vivent, silencieuses, avec des stigmates traumatiques. La honte d’avoir été violée, le regard des autres, constituent la chape de plomb qui rend impossible toute éventuelle dénonciation.
Certains établissements scolaires ont à leur disposition des psychologues cliniciens qui travaillent de concert avec les services sociaux affectés en milieu scolaire. Sont-ils seulement consultés ? Rien n’est moins sûr.
S’il est connu que le phénomène du harcèlement sexuel est le fait des enseignants, il n’en demeure pas moins vrai que collégiennes, lycéennes et étudiantes, ne sont pas exemptées de tout reproche.
Dans les établissements secondaires, il arrive que ce soient les élèves qui séduisent les profs, avec pour objectif d’avoir ce qui est appelé dans le jargon scolaire ‘’le carreau’’. C’est-à-dire le prof vous file le devoir avant l’examen afin que vous puissiez vous y préparer.
Dans certaines Facultés du pays, les étudiantes font preuve d’ingéniosité à faire pâlir un bonze. Là-bas la situation est pathétique !
Lors des examens, les étudiantes disposant de ces précieux carreaux, se mettent, et cela est bien huilé, sur les premières rangées des tables bancs dans des postures indécentes qui frisent la pornographie. ‘’Elles appellent cela la ligne de défense’’ vers laquelle les appariteurs préfèrent ne pas s’y risquer de peur d’être face-à-face avec ‘’l’origine du monde.’’
Et c’est elles, qui font passer les carreaux vers les rangées arrière. Et les carreaux circulent librement d’une table à une autre sans éveiller le moindre soupçon de fraude.
Les cas d’enseignantes qui font dans le harcèlement sexuels sur mineurs, sont très résiduels.
Dans ce milieu, on note en revanche plusieurs rapports intimes entre enseignantes et apprenants, qui sont le plus souvent consentants, et donc sans qu’il y ait la moindre pression de la part de l’enseignante. A moins qu’il y ait une pression tacite.
Laure-Patricia Manevy