La température festive à la veille de la fête dite de la nativité, était montée d’un cran. C’était le rush. C’est comme si les Gabonais n’attendaient que le jour précédant ce moment particulier pour prendre d’assaut les espaces publics. Tout, ou presque, était bouchonné. Sur les voies de circulation, les automobilistes avançaient telles des mollusques. Ils roulaient 100 mètres/heure sous une chaleur suffocante qui torturait les nerfs des usagers qui transpiraient à grosses gouttes. Certains, ne voulant plus supporter cette situation qui avait tout d’une pénitence, préféraient user leurs chaussures.
Les grandes surfaces avaient du mal à contenir leurs clientèles. Devant de grands sapins ornés de guirlandes, les mômes, tous heureux, sourires radieux, regards innocents, leurs cadeaux en mains, posaient avec le Père Noël paré de sa traditionnelle tunique rouge-blanche, bref, l’ambiance était belle.
La fièvre festive qui a finalement baissé au lendemain du jour de Noël, n’a pas épargné les banques prises d’assaut par une forte clientèle. Se frayer un chemin devant les guichets automatiques relevait d’une épreuve d’endurance. En tout cas, il fallait avoir la foi.
Dans les quartiers chauds de Libreville, parents et enfants arboraient une gadgeterie à deux sous frappée aux couleurs de Papa Noël. Les bars étaient bondés de consommateurs se livrant à une alcoolisation massive. Les familles les plus démunies, avec les moyens du bord, offraient à leurs mômes de petites fêtes improvisées sur fond de musique. De petites gâteries assez modestes, quelques tartines chocolatées et quelques sodas, faisaient l’affaire !
Au lendemain du jour de Noël, reste plus que ses vestiges. Quelques pétards à faible tonalité dégoupillés sporadiquement éclatent çà et là, ainsi que les jouets qui occupent l’essentiel du temps de ces petits. Chez ces êtres adorables, la solidarité est de mise, un peu comme s’ils étaient tous liés par un même destin. Les jouets sont mis à la disposition de leurs camarades qui n’ont pas eu de chances d’obtenir ces jeux de loisir. Un jouet sert à toute la petite communauté de bambins qui forment une seule famille sans discrimination aucune. Dans les quartiers sous-intégrés, telle est la norme, la culture du partage !
Enfin Noël a vécu !
