mercredi, novembre 19, 2025
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Tous empêtrés dans la merde judiciaire ?

Abdul Oceni Ossa, DG de Mayena group, l’un des membres influents de la Young Team, poursuivi comme ses co-accusés pour des malversations financières massives en bande organisée, y compris d’autres chefs d’accusation, lors de son audition hier devant la Cour criminelle spéciale, a fait des révélations pour le moins troublantes qui remettent gravement en cause le sens moral de ceux qui nous gouvernent.

Jusqu’ici, on croyait que la Young team était la seule à jouir allègrement d’importantes sommes d’argent sorties droit du Trésor public. Mais voilà qu’éclate au grand jour les dessous pitoyables d’une pratique mafieuse de haut vol impliquant même les grands commis de l’Etat. Un scandale financier au sommet.

Devant les magistrats, Oceni Ossa a dressé tout un éventail de bénéficiaires des primes distribuées sans fondement juridique légal. Du Premier ministre en passant par les présidents d’institutions jusqu’aux membres du gouvernement et Directeurs généraux, tous, sans exception, recevaient ces primes si l’on s’en tient aux déclarations du lieutenant de Nouredinne.

Versées mensuellement par la Présidence de la République et qui transitaient par le Directeur adjoint du cabinet du chef de l’Etat, ces bonus étaient versés à la tête du client sinon selon le niveau de responsabilité. Ils oscillaient entre 150 millions et 100 millions et, au bas de l’échelle donc, les Directeurs percevaient 50 millions de FCFA.

Le patron de Mayena group, lors de son audition, était formel : tous étaient mouillés sans exception.

Les voitures haut de gamme, les grandes bâtisses qui poussaient telles des champignons en un temps record, les grands trains de vie, les soirées très arrosées dans des grands restaurants huppés, les villégiatures en Occident sur des vols en première classe, bref, étaient donc le fruit d’une prédation massive des deniers publics dont se rendait coupable la plus haute sphère décisionnelle de notre administration.

En 14 ans de règne à la tête du pays, avec toutes les richesses dont dispose le Gabon, Alain Bernard Bongo aurait pu transformer ce petit pays d’à peine un peu plus de 2 millions d’âmes en une sorte de pays futuriste qui rivaliserait avec les Emirats arabes unis. Ainsi rattraper ce que son géniteur n’a pas pu faire en 42 ans de dictature.

Le récit fort glacial donné par le frère Oceni, Mohamed Saliou, également membre de la galaxie Sylvia et Noureddine Valentin lors de son audition mercredi dernier devant les juges, nous éclaire davantage sur le gâchis opéré par l’ancien président gabonais des fonds publics, qu’il confondait sans doute avec l’argent sorti de sa tirelire. Morceau choisi : « nous étions trois, Yann Koubdje (alors patron du Tésor), le Président et moi. Il était content, il a demandé à Yann Koubdje de me remettre 2 milliards et Yann aussi devait prendre 2 milliards…»

Si ce monsieur en était à distribuer quatre milliards sans sourciller à deux individus, combien donnait-t-il à des amis, parents et connaissances ? Le sort du Gabon était vraiment scellé.

Le Gabon est encore ce champ en friche où tout est à construire. Avec son atterrissage forcé à la tête du pays, les Gabonais ont rêvé de voir enfin le développement s’amorcer. Ils attendaient la transformation de fond en comble du pays, mais hélas, ils ont déchanté ! L’argent qui aurait pu servir à bâtir un Gabon moderne échouait donc dans les poches d’individus sans vergogne. 

Avec ce nouvel épisode des malversations financières dont l’empire avait comme seigneurs Alain Bernard Bongo, Sylvia et Nouredinne Valentin, la justice n’a d’autres choix que de prolonger le procès en cours aux fins d’entendre à leur tour ces citoyens en col blanc qui doivent s’expliquer sur ces nouveaux éléments à charge versés au dossier.

Une nouvelle page de ce procès doit donc s’ouvrir afin que chacun dont la responsabilité pénale est engagée vienne se défendre. On doit donc, d’ores et déjà, s’attendre à des démissions en cascade pour ceux encore en fonction afin qu’ils se mettent à la disposition de la justice.

Comme nos prisons ne peuvent accueillir tout ce beau monde parce que saturées, l’alternative c’est de les mettre en débet assortis de saisie de biens après une évaluation minutieuse de leurs patrimoines respectifs. Attention aux prête-noms.  Des enquêtes financières doivent être diligentées, suivre tous les circuits sinueux empruntés par les capitaux volés.

Entre sociétés écrans servant au captage des fonds publics, pour les placer ensuite dans des paradis fiscaux ; marchés fictifs obtenus de gré-à-gré sur fond de rétro-commission ; pillage intensif des ressources en bandes organisées, sans oublier la forte pression exercée par les forces ‘’complotistes’’ étrangères qui s’invitaient au festin,  le Gabon avait réuni tous les ingrédients pour déclarer faillite.

Pascal Laurent

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