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Libreville
22 décembre 2024

L’axe Mimongo –Iboundji : la face cachée de l’enfer

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Il Y’a de cela quelques années, une équipe de techniciens du ministère des Mines avait été envoyée en mission de prospection de terrain préalable à l’installation de pompes hydrauliques dans cinq localités du Moyen-Ogooué (Ndjolé), de la Ngounié Mandji et Mimongo) et enfin de l’Ogoué-Lolo (Iboundji). Si pour rallier Ndjolé, Mandji et Mimongo la route était un tantinet praticable, les choses se sont compliquées lorsque nous partions de Mimongo, d’où l’équipe a passé la nuit à Iboundji, la destination finale. Sur cet axe routier, l’enfer semble prendre ses racines là-bas. Depuis ce temps-là, cet axe n’a pas connu d’amélioration significative. Bien au contraire, celui-ci a continué considérablement à se dégrader, devenant année après année une véritable piste d’éléphants. Si bien que la luxuriante et verdissante forêt qui s’étale tout au long du parcours contraste de façon saisissante avec la route qui sert de passerelle à ces deux localités. Nous vous replongeons quelques années en arrière pour vivre ce qu’avait vécu l’expédition sur ce tronçon routier

Floyd Mathody

L’AIR doux et frais de la forêt était exempt de toute particule polluante. Il se rependait dans l’atmosphère tout au long du voyage l a senteur de la faune et de la flore sauvage. Elle agissait sur nous comme un stimulant pour tenir la route. Au milieu du grand silence de la forêt suintaient, à chacun de nos arrêts, des mélodies en tout genre issues des chants des oiseaux, quoique de temps en temps noyés par le vrombissement du moteur du véhicule qui nous transportait. Cette forêt primaire qui s’offrait à nos yeux était dense et compacte, comme s’il s’agissait d’un océan d’arbres sans fin.

On la contemplait avec ravissement de chaque côté du chemin, rendant le voyage moins pénible. En dépit de cette stimulation due à la beauté de la faune et de la flore, l’inquiétude demeurait et se lisait sur les visages des voyageurs. Nous sommes là sur la route qui relie Mimongo à Iboundji, une route qui aurait pu s’appeler : le sentier de la galère. Tant elle est parsemée d’obstacles en tout genre. Et qui de loin se situe à rebours du slogan à la mode à cette époque-là : «La route avance», élaboré par une entreprise de construction routière ayant pignon sur rue dans notre pays. En ce qui concerne cette voie de communication entre ces deux localités, elle n’est guère en accord avec ce slogan, vu que de ce côté du territoire, prendre la route est une pénitence.

Les difficultés commencent à Mimongo où très vite, lorsqu’on entame la dernière artère pour sortir de la ville, l’on s’aperçoit qu’elle est complètement détériorée, érodée par les eaux et autres agents atmosphériques. Le cahotement du véhicule qui zigzaguait tout au long de cette voie de communication semblait nous donner un aperçu de ce qui nous attendait.

À peine avons-nous quitté le dernier quartier de la ville  de la Ngounié située en altitude et qui semblait stratifier l’ordre d’arrivée des différentes communautés qui s’y sont installées, que nous prenions conscience véritablement de l’état de la route. Déjà que les informations  qui nous ont été données à cet effet se révélaient contradictoires d’une personne à l’autre. Cela n’était guère de nature à rassurer Vincent, l’excellent chauffeur de cette expédition, malgré son expérience avérée de ce genre d’aventure.

PEUR DE L’INCONNU•

On roulait jusque-là un peu nerveusement, la peur de l’inconnu aidant. Surtout qu’au sortir de Mimongo, on était définitivement coupé du reste du territoire, toute communication devenant impossible. L’unique opérateur de téléphonie mobile dont le slogan est “la vie en mieux” n’offrant plus ses services au-delà de Mimongo et de sa périphérie. Après  laquelle une autre histoire commence, une autre réalité s’établit.

Cela faisait trois jours, nous avait-on dit à Mimongo, qu’aucun véhicule n’avait rallié Iboundji. On était supposé être les premiers depuis soixante-douze heures à s’y aventurer. Ce qui n’était pas vrai. Car, la fine pluie qui avait arrosé la chaussée ce matin-là, révélait des traces de pneus de véhicule. Ce qui nous rassurait quelque peu vu que nous n’étions pas les premiers à essuyer les plâtres. Ce qui nous motivait à poursuivre le chemin. Il fallait trois heures pour rallier Iboundji distante de 74 kilomètres en partant de Mimongo avec notre pick-up. Trois heures en raison de l’état de la route, sinon il en faut beaucoup moins, nous avait-on dit.

Sur cette route se trouve en tout cas une très forte population de pygmées. Lesquels se regroupent par affinité claniques. C’est sans doute la raison pour laquelle ils se trouvent disséminée tout au long de la quasi-totalité des villages que l’on rencontre entre Mimongo et Iboundji. Comme s’ils n’avaient jamais vu de véhicule, ou peut-être en raison de la rareté de leurs passages, ces  derniers sortaient systématiquement de leurs maisons bâties sur le model bantou, c’est-à-dire des murs en terre séchée et une toiture en feuille de paille, chaque fois qu’ils écoutaient le vrombissement d’une voiture.

Très prudents, ils observaient notre passage depuis les fenêtres de leurs cases. Pas un seul salut de la main n’avait été adressé aux occupants du pick-up.

Ces premiers villages pygmées nous rassuraient davantage sur ce que nous allons bientôt rallier le chef-lieu du département de l’Offoué Onoye.

En effet, la route offrant désormais la possibilité à notre chauffeur d’appuyer un peu sur l’accélérateur nous a permis de franchir un peu plus vite que prévu le pont de l’Offoué. L’affluent qui sépare la province de la Ngounié à celle de l’Ogooué-Lolo dont Iboundji constitue une des frontières naturelle entre ces deux provinces.

On arrive à Iboundj aux alentours de onze heures. On est tout de suite priés de se rendre à la brigade de gendarmerie de la localité pour une identification des nouveaux venus et du but de notre présence là-bas. A l’intérieur du pays, les gendarmes sont comme de petits seigneurs à qui il faut absolument aller faire allégeance. Faute de quoi vous pouvez être amené à passer des mauvais moments. Après avoir rempli les formalités, les techniciens des Mines se dirigèrent vers le site prévu pour les fouilles pour évaluer le travail qui devra être accompli. Cette étape terminée, le chef de la délégation prière tout le monde de monter dans le véhicule pour un retour à Libreville. L’expérience de l’allé nous ayant déjà habitué à la route, on n’a pas eu trop de mal à regagner Mimongo puis Mouila où la route jusqu’à Libreville «était carrossable. 

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