Dans la chaleur de campagne électorale
Lorsque l’on sillonne Libreville et ses banlieues, en cette période ravagée par la fièvre électorale, une seule tronche trône sur les panneaux d’affichage. Celle de celui que l’on présente désormais comme le champion de ce scrutin. Celui-là même qui est en train d’être formaté à la vie civile, loin de ses allures martiales, sa mine austère et son regard méchant. L’entraîner à la vie civile suppose un travail de recyclage très approfondi.
Ses communicants doivent le soumettre à une purge rigoureuse, histoire de le sevrer du mode de vie à l’intérieur des casernes. Il est vrai que l’homme a déjà rangé son treillis, son colt et ses étoiles d’Officier-général dans ses placards, mais il reste encore un travail de mise à niveau, de renforcement des capacités d’adaptation et d’intégration à la vie civile. Quitte à lui offrir un stage accéléré à l’étranger.
Pour ce qui est de sa silhouette, rien à redire puisque l’homme a une plastique parfaite. Ses costumes coupés sur mesures, lui vont comme la main dans un gant. Loin des manteaux et autres kimonos que son prédécesseur prenait sans doute pour des costumes. Il fallait le voir totalement fagoté, noyé dedans comme s’il allait au dojo pour des entrainements. Des fautes de goût graves imputées à son pool de communicants.
Le potentiellement ex-putschiste-général, aurait pu faire carrière dans l’industrie du cinéma. Il a tous les atouts d’un acteur de Triller ; je le vois bien dans le rôle du méchant de la trempe de Ramon Cota.
Pour revenir sur la campagne d’affichage après cette petite digression, sur certaines affiches conçues par les Communicants payés à prix d’or pour ce génie créatif, on y voit le portrait de l’homme en bas duquel se glisse malicieusement un acronyme d’une simplicité séduisante : ‘’ C’BON’’. On croirait une nouvelle marque de boite de conserve ou de lait concentré destinés à la consommation des déplacés parqués dans des camps des réfugiés.
Où sont donc passées les affiches d’autres candidats engagés dans cette course à la présidentielle ?
Actes de sabotage ou sont-ils déjà si fauchés au point d’être absents des panneaux et laisser seul Brice Clotaire Oligui Nguema saturer les murs, les panneaux et nos rétines avec ses posters géants sur lesquels il pose dignement, conscient de son importance, dans des postures de chef d’Etat déjà élu ?
A moins de nous dire que cela relève, pour certains, d’une stratégie en trompe l’œil. Certains seraient semble-t-il là uniquement pour faire de la figuration afin d’auréoler leurs CV de cette phrase qui semble porter en elle une plus-value: ‘’ancien candidat à la présidentielle du 12 avril 2025’’.
S’il en est qui ne s’encombrent pas de battre campagne via des descentes de terrains, d’autres, en revanche, depuis leurs chambres à coucher, mènent une campagne soft, voire minimaliste par Bluetooth interposé. C’est ce genre d’individus qui vont s’empresser de reconnaître la victoire de l’heureux élu, en espérant un retour d’ascenseur le moment venu.
Si l’on constate l’absence des sept candidats en lice sur les panneaux d’affichage, leurs gadgeteries de campagne font aussi défaut.
‘’C’BON’’ a englouti, selon des indiscrétions, une grosse fortune pour des babioles frappées à son effigie que l’on commence à distribuer à tour de bras.
Il est rapporté que le port d’Owendo aurait réceptionné des containers 42 pieds bourrés de ces gadgets de campagne. D’aucuns se demandent si, dans cette gamme de produits qui passent pour une nouvelle marque ‘’C’BON’’, figurent également des strings sur lesquels sont imprimés la bouille du champion, comme du temps de l’ancêtre Albert Bernard Bongo, son égérie dont la moustache mettait un peu d’ombre sur ‘’l’origine du monde’’.
Ce qui pourrait d’ailleurs constituer un élément déclencheur de tensions dans les foyers. Imagine-t-on madame exhiber une lingerie de ‘’marque’’ ‘’C’BON’’ sur le lit conjugal sans soulever la colère du conjoint ? Franchement, entre nous… !
Espérons seulement que ces bricoles ne vont pas échouer, comme du temps du règne des Bongo, sur les étals des commerces Ouest-Africains, au détriment de la cargaison des membres de son fan-club qui attendent ça de pieds fermes…
Question un peu idiote : où notre champion a-t-il trouvé tout cet argent pour sa campagne ? Certains avancent le chiffre astronomique de centaines de milliards de FCFA.
Entre financements occultes, pillage massif des caisses de l’Etat, financement sur fonds propres, lègues des mécènes, je m’’interroge…
Au fait, existe-t-il au Gabon une commission ad-hoc en charge d’enquêter sur l’origine des fonds engagés lors des campagnes électorales ? Ou bien tout baigne dans une sorte de confusion mentale digne de pays des tropiques qui se respectent ?
En principe, faute de commission spécialisée, reconnaissent les initiés du monde de la finance, c’est la Cour des comptes qui devait faire ce boulot. Seulement voilà, l’Exécutif a-t-il seulement prévu un budget pour de telles opérations ponctuelles ? Ça, j’en doute !
Attention au revers de la médaille. L’ancien Président de France, le très énervant Nicolas Sarkozy, pour avoir bénéficié de la part des autorités libyennes des financements occultes pour sa campagne en 2007, la justice de son pays le tient désormais par les couilles.