Comme s’ils s’étaient donné le mot, le Sénégal, le Tchad et la Côte d’Ivoire (même si pour le dernier cité, cela apparaît davantage comme une plaisanterie de mauvais goût) ont exhorté la France à retirer ses soldats de leurs territoires respectifs. Une première depuis la proclamation de nos pseudo-indépendances dans les années 60.
Si rien n’est encore définitivement acté, ces annonces ne sont rien moins qu’un pas supplémentaire vers la libération totale du continent, notamment les pays d’Afrique francophone maintenus en captivité des décennies durant par les puissances occidentales, en l’occurrence la France, une puissance moyenne aux ambitions néocoloniales évidentes et pesantes. Ce pays et bien d’autres dictent leurs lois et exploitent sans vergogne les matières premières issues du sol et du sous-sol des pays africains francophones sous la surveillance assidue et soutenue de son armée d’occupation au moyen d’accords léonins signés entre un maître et ses esclaves.
Certes, les pays suscités ont, à travers des annonces faites dans leurs télévisions nationales respectives, demandé aux troupes françaises encore stationnées dans leurs territoires de plier bagages. Il y a tout de même des réserves à émettre concernant certaines de ces annonces. En l’occurrence celle du président ivoirien Alassane Ouattara. Ce dernier, malmené par une opinion ivoirienne et plus largement africaine de plus en plus exigeante envers ses dirigeants, tente de l’amadouer à travers une telle annonce. Sans succès jusque-là, puisque nombreux sont ceux qui ont tout de suite perçu cette annonce comme une tentative d’enfumage. De même, certains panafricanistes ne croient pas forcément aux propos du président Mahamat Déby Itno du Tchad. Ayant illégalement pris le pouvoir avant de se faire élire de façon abracadabrantesque, ce dernier s’emploie non seulement à rassurer l’opinion tchadienne et africaine en leur servant le discours qui passe aujourd’hui en Afrique en s’attaquant aux accords de défense.
Promesses de campagne.
Bien que cette posture surprenante ait enchanté une certaine opinion africaine, celle-ci n’a pas moins surpris plus d’un observateur et suscité quelques réserves. D’autant plus que N’Djamena et Paris entretenaient jusque-là de très bonnes relations. Macron ayant même été jusqu’à adouber l’actuel homme fort du Tchad lorsqu’il s’est agi de remplacer son père à la suite de son assassinat, faisant fi des prescriptions constitutionnelles qui mettaient en scelle le président du Sénat en cas de vacance du pouvoir. Autant de faits qui ont laissé planer le doute quant à la sincérité des propos du dirigeant tchadien. Plus surprenant, l’homme fort du Tchad a débarqué du gouvernement, le ministre de la Défense qui a annoncé le départ des troupes françaises.
S’agissant du Sénégal la nouvelle n’a pas forcément surpris l’opinion africaine, le départ des soldats français du pays de la Teranga ayant été pour ainsi dire une promesse de campagne des autorités sénégalaises actuelles, même si de temps en temps le discours de ces mêmes autorités porte les germes d’une certaine ambiguïté.
Plus surprenante aura été sans conteste l’annonce de l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara de rompre les accords de défense avec la France. Considéré à juste titre comme un parfait sous-fifre du locataire de L’Elysée, en dépit de son âge très avancé comparé à celui de son maître qui apparaît comme son petit-fils, le président ivoirien est ce qu’il y a de pire parmi les chefs d’Etat africains. Plus qu’un sous-fifre, un fifrelin, Alassane Ouattara apparaît aux yeux d’une certaine élite africaine comme un homme de paille à la solde des puissances étrangères. Un laquais, pour ainsi dire.
Bien que cela, le président ivoirien a eu au moins le mérite de se prononcer sur la question, même si son positionnement est en trompe-l’œil. Ce qui est loin d’être le cas pour les pays d’Afrique centrale, mis à part la Centrafrique, qui continue d’entretenir des relations avec l’ancienne puissance tutélaire contre l’avis des populations. Dans cette région, Paris continue d’exercer son influence au mépris de la souveraineté de nos Etats. Reste maintenant à savoir combien de temps cela va-t-il durer.