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22 décembre 2024

                           L’utopique libération

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Le 30 août a eu lieu la célébration de la journée dite de ‘’la libération’’. L’événement a été célébré avec faste,  avec en prime des parades d’individus en armes et des civils coptés pour la cause. Le tout, naturellement, sous le regard avisé du seigneur Brice Clotaire Oligui Nguema qui, dans la foulée des festivités marquant cette journée, a dévoilé une stèle dite de la libération.

L’évènement, ennuyeux, saturait déjà les conversations de comptoirs. Chacun allait de son petit commentaire à deux balles. On se croyait face à un événement d’une très haute gravité qui allait plonger tous les Gabonais dans une sorte d’extase fusionnelle.

Au fait, qui a libéré qui ou quoi ? On peut légitimement s’interroger.

« Les Gabonais sont libérés de la tyrannie des Bongo ». Entend-t-on souvent ce genre d’inepties débitées, avec une frénésie maladive, par certains  illuminés gagnés sans doute par un fanatisme militant. Parler de libération du Gabon par les putschistes est un abus de langage, voire une escroquerie politique, puisque les Bongo ce ne sont pas tant des individus qu’on peut facilement rayer de l’histoire, mais ici, on a affaire à un système mafieux, un système de prédation généralisée qui s’est bien enraciné. Ce n’est pas par un  simple coup de rangers que l’on réussira à gommer un système vieux de plus de cinq décennies.

La libération du Gabon suppose un changement radical de ce système. Le modèle malien, burkinabè et nigérien est un très bel exemple de cette radicalisation dont les pays encore en captivité, comme le Gabon, doivent s’en inspirer. Ces trois pays d’Afrique de l’ouest ont pris leur destin en main, et par la même occasion, ont mis la pieuvre françafricaine hors d’Etat de nuire. Même si ses tentacules, dignes laquais que sont les pays de la CDEAO, s’échinent à restaurer l’ordre ancien.

Lorsqu’ils entendent parler de la supposée libération du Gabon par un coup de force, ces trois pays doivent pouffer de rire. Chez  eux, ce sont des vrais coups d’Etat qui ont irrité le colon Blanc. Celui  du Gabon qui avait tout d’un petit arrangement entre copains d’armes, et qui a été mené la fleur au fusil, a été salué par Paris.  L’étoilé en chef, au lendemain de ce simulacre de putsch a été reçu à l’Elysée avec tous les honneurs dus à son nouveau costume de Président. Sans être naïf, on a vite compris que cette révolution de palais, ainsi que l’avait qualifié le Pr Ondo Ossa, portait la signature de Paris. Thèse, d’ailleurs, soutenue par Marine Le Pen, chef de file du Rassemblement national qui accusait clairement l’Elysée d’avoir donné un coup de main.  

L’ogre mafieux opère toujours en toute quiétude au Gabon, et on nous parle abusivement de libération ! De quelle libération parle-t-on ? Doit-on se gargariser d’une libération qui n’en est pas une ? La vraie libération est celle dont jouissent ces trois pays d’Afrique de l’Ouest et celle célébrée par les Français le 25 août dernier à l’occasion du 80ème anniversaire de la libération de Paris, cela au prix du sacrifice.  

La libération, de notre point de vue, passe par la rupture d’avec l’Empire colonial, la suppression du FCFA, le rapatriement de nos devises étrangères confisquées par le trésor français  et la décolonisation totale des pays encore en captivité, ainsi que le clament, avec fermeté, des panafricanistes engagés tel que l’intellectuel et essayiste béninois Kemi Seba. Elle passe aussi, ne l’oublions pas, par l’éradication de la vérole franc-maçonnique, gardienne de l’ordre mondial dont l’Afrique doit absolument s’affranchir. Se libérer, c’est fermer, comme chez le dictateur rwandais Paul Kagamé, toutes ces églises du réveil afin que tous leurs  ministres du culte se recyclent dans des travaux d’utilité publique. Le reste n’est que pure utopie.

Théaime

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