A son arrivé à Libreville en 1979, hébergé par un oncle qui l’accueille à Akébé Poto dans le troisième arrondissement de la commune de Libreville, personne ne pariait, pour cet artiste encore inconnu de la scène artistique nationale, à une carrière aussi riche, et qu’il deviendrait, quelques années plus tard, l’international Papé Nziengui de l’ethnie tsogho et du village ‘’Bandi’’, à quelques encablures du village Ekembélé du guerrier Mbombè A Yagué qui a courageusement combattu les colons Blancs pendant près d’une dizaine d’années.
A ses débuts, il intègre le groupe artistique ‘’Gnima na Kombwé’’ dont les prestations sont diffusées dans l’émission ’’les jeunes sont formidables’’ animée par le regretté Cazimir Zekwa. « Richard Moubouyi, alors producteur à la radiotélévision gabonaise, précise l’artiste, avait créé ‘’les touracos de l’équateur’’, j’intervenais dedans », se souvient Papé Nziengui. « A cette époque, il renchérit, je jouais avec trois cithares en même temps. Cela a entrainé des frustrations chez d’autres artistes. Si j’avais continué, je serais aujourd’hui sous terre », glisse doucement l’artiste.
Il intègre le théâtre national du Ministère de la Culture et des Arts. C’est en ce moment que les Gabonais découvrent son talent.
L’homme est de tous les rendez-vous artistiques, ou presque, à l’échelle internationale.
Il s’est déjà produit à l’Olympia, la mythique salle des spectacles de Paris, avec Annie-Flore Batchiellilys.
Il a sillonné le monde : Belgique, France, Allemagne, Afrique du sud, Ethiopie, Colombie, Mexique, Coré du sud, Chine, Rwanda, Canada, Etats Unis, Doubaï, Maroc et le Brésil où une statut est érigée en sa mémoire et une rue qui porte son nom. Comme quoi, nul n’est prophète chez soi !
Papé Nziengui dont les sonorités font « transcender les initiés », comme il aime à l’ironiser, n’est initié à aucun rite traditionnel. Lorsque à l’époque, de son union avec sa petite amie naissent des jumeaux, les traditionnalistes et conservateurs l’invitent à s’initier au rite mwiri. Dans la société traditionnelle de certaines communautés du sud, précisons-le, c’est un sacrilège d’être père des jumeaux sans être initié au rite mwiri. Proposition qu’il décline sans se douter que ce refus est un affront qui aura forcément des conséquences funestes. L’un des jumeaux, le garçon, mourra de mort mystérieuse.
La venue de Papé Nziengui au monde, a tout d’un mystère. L’homme est né déjà circoncis.
Cet autodidacte qui est venu sur terre sans cette infirmité, un handicap qui surgit comme par miracle à l’âge de l’adolescence, a déjà formé des Gabonais, des Mexicains, des Japonais et des Américains.
La maîtrise de l’instrument la cithare dans la famille de Papé Nziengui, est un don congénital. Son père, cithariste, ne voulait pas transmettre ce savoir à son fils parce que non initié. Mais le destin en avait décédé autrement.
Trois de ses neveux, Jean Claude Madouma, Camille Moukala et Brice Mouanga, tous jouent de cet instrument sans avoir été formés.
Pour reconnaissance nationale pour sa contribution en tant que promoteur de la culture gabonaise à travers le monde, le Président-Général Brice Clotaire Oligui Nguema lui a fait don d’une villa. Un geste salué par de nombreux Gabonais.
Mais, le seul hic, c’est que cette maison manque de commodité: pas d’électricité, pas d’eau, pas de clôture, pas d’équipements à l’intérieur.
On ne peut pas faire don d’une maison sans toutes ces commodités. Surtout un don fait à quelqu’un qui a représenté le Gabon à l’étranger et dont la pension de retraite n’atteint même pas le SMIG.
La ministre nouvellement nommée au Ministère de la Culture et des Arts, Armande Longo, lors de la remise solennelle des clefs de la villa, n’a pas posé avec l’artiste à l’intérieur de la maison, faute de places assises.
Pour sa contribution à la promotion de la culture gabonaise dans le monde, Papé Nziengui mérite mieux.
