Quid du principe de la séparation du pouvoir ?
La Cour constitutionnelle appelée à vider le contentieux opposant le ministre de l’Intérieur au candidat du PDG a reconnu vendredi dernier la victoire du candidat de l’ancien parti unique lors du scrutin du 27 septembre dernier.
Floyd Mathody
L’élection dans le premier siège du département de la Léconi-Lékori aurait dû être aujourd’hui qu’un lointain souvenir si le ministre en charge de l’Intérieur ne s’était pas invité au débat en procédant à l’annulation pure et simple du scrutin de ce siège au motif qu’un certain nombre d’irrégularités auraient été perpétrées par le candidat Léon-Paul Ngoulakia.

Etonné par cette décision du ministre de l’Intérieur en totale discordance avec la réalité sur le terrain, le candidat du PDG a introduit une saisine auprès de la Cour constitutionnelle aux fin d’annulation de la décision du ministre qu’il avait jugée arbitraire et surtout contraire aux observations des scrutateurs et l’ensemble des entités concernées par le déroulement de l’élection. La clarté des procès-verbaux aussi bien ceux sortis des urnes que ceux de la centralisation définitive des résultats par la Commission provinciale électorale. Autant d’entités qui sont toutes sous la férule du ministre d l’Intérieur. Dans aucun de ces procès-verbaux pourtant passés par les démembrements de la CNOCER il était mentionné un quelconque incident susceptible d’annuler l’élection ni dans un bureau de votre encore moins dans l’ensemble des bureaux.
L’accusation n’ayant pu produire des éléments probants de droit, la Cour constitutionnelle n’a eu d’autre choix que de confirmer dans sa décision de vendredi dernier l’élection de M. Ngoulakia telle qu’annoncé le 27 septembre dernier au sortir des urnes. Une victoire sans bavure de 56, 46 %.
Dès lors, les électeurs du premier siège du département de la Léconi-Lekori de même que ceux des Gabonais intéressés par la question politique se demandent sur le fondement de quoi le ministre de l’Intérieur a procédé à l’annulation de l’élection dans ce siège. Une autre question se pose également : le membre du gouvernement était-il habilité à annuler une élection dont la prérogative est dévolue à la Cour constitutionnelle ? La réponse coule de source. Il y a là comme une confusion des genres ou une volonté délibérée de l’exécutif de marcher sur les plates-bandes du pouvoir judiciaire.
Plutôt que de s’arc-bouter sur les démembrements de ses services administratifs et des renseignements locaux, le ministre de l’Intérieur a préféré se faire abuser par la baronnie locale de de l’UDB et du PDG à la recherche d’un leadership politique dans la localité et d’une histoire politique sans lendemain historique.
Les non-dits
En effet, à en croire des sources dignes de foi, la décision du ministre de l’Intérieur est sous-tendue par une correspondance du commissaire politique de l’UDB en la personne de M. Abdu Razzaq Guy Kambogo, l’actuel secrétaire général du gouvernement. Dans cette correspondance dont nous avons pu avoir copie, le commissaire politique de l’UDB de la Leconi-Lekori. Alors que l’intéressé s’est présenté comme tête de liste à l’élection départementale dans le 2e siège, il a été battu à plate couture. Au lieu de s’apitoyer sur son sort, il a trouvé mieux que de salir la réputation de son adversaire politique en dénonçant le déroulement de l’élection au premier siège de la Léconi-Lékori dans un souci de nuisance gratuite. Dans sa correspondance que personne n’a eu le courage de verser au nombre des preuves à la Cour constitutionnelle, M. Kambogo dénonce des prétendues irrégularités que la Cour constitutionnelle a rejeté faute d’éléments probants.

Chose absolument curieuse, aucun de ces faits énoncés ne figure sur aucun procès-verbal. Pas même a violation des locaux de la préfecture, là où sont logés un certain nombre de services de l’Etat. Des des faits aussi graves auraient-ils, échappé à la vigilance des services de l’Etat ? Tout ceci ressemble fortement à un mensonge éhonté sur fond de liquidation d’un adversaire politique. Et c’est bien là le drame !
Au regard de ce qui précède, il est fort regrettable de constater que le principe de séparation des pouvoirs n’a pas été respecté par le ministre de l’Intérieur qui par sa décision viole lamentablement les prérogatives dévolues à la Cour constitutionnelle que lui confère l’article 353 du Code électoral. Le ministre en charge de la régularité et la sincérité du déroulement des élections s’est vraiment fourvoyé au point d’enfreindre la loi délibérément. Vraiment inadmissible !
Dans d’autres cieux, la décision de la Cour constitutionnelle qui a débouté publiquement les allégations du ministre de l’Intérieur pour son incurie avérée l’aurait décidé de rendre son tablier. Car il en va de la crédibilité du gouvernement et des institutions de la 5e République.





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