mercredi, novembre 19, 2025
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AccueilJustice & DroitProcès des Bongo : Le baroud d’honneur d’une justice fragilisée

Procès des Bongo : Le baroud d’honneur d’une justice fragilisée

Le procès par contumace de Sylvia Bongo et de Noureddine Bongo Valentin s’ouvre ce lundi 10 novembre devant la Cour criminelle spéciale de Libreville. L’ex-première dame du Gabon et son fils sont poursuivis pour détournement de fonds publics, haute trahison, faux et usage de faux, usurpation de titre et de fonctions, etc. Mais le procès qui s’ouvre dans un contexte de révélation des vidéos distillées par les deux accusés depuis leur exil à Londres, jette déjà un certain malaise sur une justice visiblement fragilisée.

C’est une contre-attaque à coups de vidéos explosives que Noureddine Bongo Valentin tente de mener depuis Londres où il s’est exilé avec ses parents. La première vidéo publiée il y a plus d’une semaine montre une séquence réunissant au domicile de l’ex-président, Ali Bongo, un groupe de hauts magistrats dont Eddy Minang, procureur général, près la Cour d’Appel de Libreville. Dans cette vidéo, les magistrats qui disent agir sur instructions du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, forcent Ali Bongo, son épouse Sylvia Bongo et leur fils Noureddine Bongo Valentin à signer des documents pour leur sortie express du pays. Parmi les clauses, la famille Bongo doit s’engager à ne pas poursuivre l’Etat gabonais une fois à l’étranger. Ali Bongo et son épouse supplient les magistrats pour leur droit d’être assistés par leur Avocat, sans succès. Noureddine qui filme la scène avec ses lunettes assassines tente de convaincre ses parents de signer malgré tout.

La main du bord de mer ?

La deuxième vidéo publiée vendredi 7 novembre, soit trois jours avant le procès, est plus compromettante que la première. Cette fois la séquence est tournée au bureau de Brice Clotaire Oligui Nguema. Le chef de l’Etat gabonais explique à Sylvia Bongo et à Noureddine Bongo qu’ils n’étaient pas réellement en prison. “c’est vrai que les conditions n’étaient pas vraiment celles dans lesquelles vous aviez l’habitude de vivre, mais vous n’étiez pas en prison. J’ai même dit à Emmanuel Macron qu’ils ne sont pas en prison. C’est la famille, donc pas de vengeance. Si c’était un autre militaire qui avait fait le coup d’Etat, ça devait être la catastrophe”, rassure le nouvel homme fort du Gabon.

Sur la toile, les commentaires de déception ne tarissent pas, certains estimant avoir été floués par les slogans enflammés des militaires qui prétendaient avoir libéré le Gabon. Certains y voyant une instrumentalisation flagrante de la justice et même une ingérence de la France. Pour ajouter à la confusion de cette saga judiciaire, la réunion au cabinet du ministre de la justice, Séraphin Akuré-Davin qui avait convoqué quatre jours plutôt, les magistrats concernés par le dossier pour leur demander plus de transparence n’a fait qu’amplifier les suspicions d’une justice aux ordres. Pour le principal opposant, Alain Claude Bilie-By-Nze, tous ces épisodes ne sont que la preuve d’une justice manipulée. Mieux, il appelle le procureur général Eddy Minang à s’expliquer sur le sens de cet arrangement au domicile des Bongo. Même dans l’opinion générale, le sentiment qui prédomine est celui d’un simulacre de procès, après que les autorités politico judiciaires ont organisé la sortie illico presto de la famille Bongo du pays. Alors que les activistes qui publient les vidéos de Noureddine Bongo Valentin, promettent encore d’autres extraits qui vont certainement détonner au fil du procès, ce jugement par contumace apparaît désormais comme un baroud d’honneur pour une justice visiblement compromise et gravement fragilisée par les lunettes espionnes d’un accusé décidé à tout brûler derrière lui, parce que n’ayant désormais plus rien à foutre d’un pays dont il se sera servi sans vergogne en tant que fils à papa, prototype d’une dynastie qui, d’Omar à Ali Bongo aura régné 56 ans sur le Gabon. Un règne cinquantenaire qui aura infecté et avili toute la machine étatique, y compris l’institution judiciaire qui, même deux ans après le coup d’Etat du 30 août 2023, peine encore à se relever du dar des Bongo.

Leno Koleba

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