Tôt au petit matin, mardi et samedi, des cartons contenant des vivres sont déchargés des camions frigorifiques sur les lieux-dits Mayumba, un prolongement du marché banane situé à une centaine de mètres des feux tricolores en revenant de la ville au quartier PK8 dans le cinquième arrondissement de Libreville. Pour mieux comprendre le nom donné à cette extension du Marché banane, il faut remonter aux origines. Ce qui deviendra le prolongement du marché banane était d’abord situé juste aux abords des feux tricolores avant sa délocalisation vers le marché banane. On y vendait exclusivement du poison en provenance de Mayumba, une ville de la province de la Nyanga située dans le sud-ouest du Gabon. Les travaux sur les bassins versants et les routes de contournement ont forcé cette délocalisation.
Aujourd’hui, le marché de Mayumba, outre le poisson en provenance de la ville côtière, a diversifié son offre de produits. On y trouve du gibier, même des espèces intégralement protégées vendues en toute impunité. C’est le cas de l’antilope aquatique, du petit pangolin et du géant que l’on retrouve sur ce marché. Fruits et légumes, bananes et taros sont également exposés sur des étals de fortune installés sous de grands parasols et sur un sol boueux. Les clients y circulent en rang serré et à pas de tortue. Se frayer un chemin dans cet endroit sinueux qui grouille de monde n’est pas chose aisée à moins de faire preuve de patience.
Sur un pan de ce marché fréquenté par une clientèle hétéroclite, des activités annexes ont fleuri. Ecailleurs de poissons et nettoyeurs de viandes offrent le service après-vente. Les prix varient selon les kilos de poissons à écailler et la grosseur de la bête à nettoyer et à dépecer. Véritable économie souterraine qui nourrit ceux qui exercent dans ce secteur d’activité. « Je loue, je paye mon loyer, je vis de cette activité », lance une jeune étudiante. « En une journée, en moyenne, les recettes oscillent entre 50 000 et 60 000FCFA, ce qui n’est pas rien », confie un autre étudiant.

Ce service après-vente, bien que fructueux en terme de revenus, n’est pas sans désagréments causés aux clients. Si vous ne faites pas preuve de vigilance, vous constaterez à vos dépens, arrivé à la maison, que certaines parties de vos vivres ont été soustraites. Les morceaux distraits sont ensuite revendus au détail.
« J’ai déjà été victime de ces pratiques, c’est pourquoi je n’accepte plus que l’on découpe mon poisson ou mon gibier, ils nettoient simplement et ils me les remettent tout entier» confie une cliente rencontrée sur les lieux.
Certes tous ne font pas dans ce genre de pratiques, on compte parmi les écailleurs et nettoyeurs de viandes de jeunes étudiants dont on ne peut douter de la moralité, mais comme on le sait, chaque secteur d’activité a ses moutons noirs.
Le marché de Mayumba est borné de petits bistrots où certains clients étanchent leur soif dans une parfaite convivialité. Les lieux sont en passe même de devenir un lieu de retrouvailles.
Selon des indiscrétions, les vivres vendus à Mayumba contiennent du formol aux fins de leur conservation. Information niée en bloc par des commerçantes. Seule l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (AGASA) peut nous certifier avec exactitude si oui ou non le gibier écoulé contient du formol. Car il y va de la santé des consommateurs.
Le marché de Mayumba pose un autre souci à déplorer : l’absence de parkings où stationner. Les automobilistes sont obligés de garer leurs véhicules en file indienne sur les abords de la route, s’exposant ainsi à l’arnaque d’agents municipaux qui trouvent là une aubaine pour mettre des sabots.
Il est peut-être temps que les nouvelles autorités municipales du 5ème arrondissement construisent une annexe moderne du marché banane équipée de parkings et de toutes les autres commodités.
Elisiaa Reclus





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