Il faut avoir un moral de fer pour exercer dans les maternités d’hôpitaux gabonais. Lieux où les femmes enceinte accouchent et où se côtoient sages-femmes et patientes dans une folle ambiance diversement interprétée.
Les sages-femmes qui exercent leur métier dans un tel environnement stressant et à haut risque, méritent des égards, voire des encouragements en dépit de quelques manquements observés çà et là.
S’il est vrai que cet environnement hospitalier présente les mêmes caractéristiques que dans tous les hôpitaux du pays, la maternité de l’hôpital départemental de Ntoum, mérite qu’on s’y attarde. Elle illustre parfaitement ce que subissent, dans l’exercice de leur métier au quotidien, les sages-femmes.
A la maternité de Ntoum, certaines futures mamans ne s’encombrent pas d’examens prénataux et autres suivis médicaux exigés par les sages-femmes qui doivent suivre l’évolution de la grossesse, l’accouchement ainsi que le suivi gynécologique et des nouveau-nés. Mais c’est lorsque se déclenchent les contractions, qu’elles pointent vers des centres hospitaliers pour un premier contact avec le corps médical.
La personne ne sait rien de son statut sérologique, encore moins son groupe sanguin. Le corps médical se retrouve face au dilemme du pile ou face en cas de césarienne d’urgence surtout lorsqu’il faut sauver une vie ou des vies (mère et enfant).
La plupart des patientes de cette maternité qui viennent des villages environnants, ignorent tout des protocoles sanitaires prénataux.
Lorsqu’on demande à certaines femmes le nom du partenaire responsable de la grossesse afin qu’il soit convoqué par le service social en milieux hospitalier qui doit lui rappeler ses devoirs de père géniteur et le mettre face à ses responsabilité, la dame ignore le nom du père de son enfant ou vous donne un pseudonyme, genre, Papy Jeo, la Ngatta Zagallo …. Vous insistez : c’est son nom ? « Je ne sais pas, mais on l’appelle comme ça ». A la question : connaissez-vous au moins là où il habite ? « Non », connaissez-vous l’un de ses parents ? « Non, je connais seulement son ami Pépa, on se retrouve souvent au bar ».
Telle est la triste réalité à laquelle se heurtent les praticiens au quotidien.
C’est lorsqu’elle est en travail, et quand on procède à des examens d’urgence, qu’on tombe sur des infections genre le HIV. Et lorsqu’arrive l’irréparable, c’est la faute de la praticienne qui a fait preuve de négligence, oubliant volontairement la part de responsabilité de la patiente.
Il en est qui débarquent sans layette au moment de l’accouchement. « La sage-femme doit, pour contourner cette difficulté, utiliser les moyens du bord », indique une dame du service social, une habituée du milieu hospitalier.
Pour vêtir le nouveau-né dont le papa est inconnu, sinon démissionnaire, la sage-femme, l’amour maternel oblige, est souvent obligée de solliciter la générosité de la voisine de chambre afin qu’elle pioche dans sa layette.
Et quand arrive la phase de payement des soins administrés au nouveau bébé, le service social en milieu hospitalier est obligé de plaider auprès de l’agent comptable et du directeur de l’hôpital afin d’ obtenir la gratuité.
A la maternité de l’hôpital départemental de Ntoum, il arrive qu’il manque de gants en latex, et même avec ces outils de protection, il arrive que certains présentent des défaillances et c’est la sage-femme et les infirmières qui courent le risque de choper une saloperie infectieuse.
On comprend dès lors le ras-le-bol exprimé par certaines praticiennes qui, aux pires des cas, refoulent la patiente en l’orientant vers d’autres structures sanitaires.
Il est souvent reproché à tort ou à raison à certaines praticiennes le manque de professionnalisme, le respect des normes déontologique et d’éthique. Des cas d’agressions de personnes exerçant en milieux hospitaliers, ne sont pas rares parce que dans l’imaginaire populaire, lorsqu’arrive le pire, c’est le corps médical qui a failli.
« Même s’il faut faire de sa profession un sacerdoce, mais il arrive qu’à un moment donné, frustré par l’inconscience de certaines patientes, on est obligé de craquer » , explique une psychologue clinicienne. « Chaque corps de métiers a ses brebis galeuses, ses moutons noirs, poursuit-elle, mais, de là à jeter l’opprobre sur tout le monde, me semble exagéré », conclut-elle. Peut-être que les pouvoirs publics devraient intensifier les campagnes de sensibilisation en direction des populations afin de garantir la sécurité des praticiennes et des usagers en milieux hospitalier.
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