Ses apparitions publiques se faisaient de plus en plus rares, jusqu’à ce qu’il disparaisse totalement des radars. C’étaient donc des signaux d’un adieu. Aujourd’hui, Maître Louis Gaston Mayila, Vab Ngund ‘’ est mort dans le nord de la France à l’âge de 78 ans
Le poids de l’âge et l’accident vasculaire cérébral (AVC) qui le rongeaient depuis des mois, avaient contraint ce tribun, de prendre momentanément du recul face à la scène politique.
Traditionnaliste pur, il était l’un des maîtres très respectés du rite Bwiti dissumba dans son village Yombi dans la province de la Ngounié au sud du Gabon.
S’il a été depuis Bongo père un virtuose de la politique, c’était un piètre manageur sous sa casquette d’homme d’affaires. Toutes ses affaires ou presque ont périclité.
Voix embrumée à laquelle on s’était habitué, équilibriste hors-pair, l’homme savait manier les ambiguïtés et saisir les opportunités.
Sa trajectoire politique était loin d’être cohérente voire linéaire. Un changement de cap vers des horizons où le courant des opportunités l’entrainait, était fréquent. Véritable slalomeur.
Personnage atypique, il aura inspiré les nouvelles générations d’hommes politiques.
Louis Gaston Mayila a fait partie des jeunes ‘’intellectuels’’ qui, rentrés de France dans les années 60-70 au plus fort de la contestation estudiantine (AGEG FEANF) en France, avaient apporté un souffle nouveau à l’édifice Gabon en devenir. Le pays, fraîchement ‘’indépendant’’, avait donc besoin de ses élites pour se construire. Le pouvoir a donc battu le rappel des fils pour certains encore étudiants, et pour d’autres en fin de cycles.
L.G. Mayila est de ceux qui ont répondu à l’appel.
Après une brève expérience professionnelle à la multinationale Shell-Gabon, et dans différents postes de responsabilité dans l’administration publique, il demeure jusque-là un illustre inconnu pour de nombreux Gabonais.
Ce n’est qu’en 1975, lorsqu’il intègre la Présidence de la République en qualité de Directeur de cabinet du Président Albert Bernard Bongo que les Gabonais découvrent ce jeune Avocat de formation. De là, s’en suit une carrière politique très riche, impressionnante voir fulgurante.
Le natif de Yombi a collectionné comme des trophées de chasse des maroquins ministériels et pas des moindres et diverses distinctions honorifiques. Il avait atteint les sommets de la pyramide sociale.
Haut commis de l’Etat, parfait communiquant, il ne ratait pas la moindre occasion à lui offerte pour faire passer des messages et donner son point de vue. Qui ne se souvient pas de ses discours, alors Président du Conseil Economique et Social(CES), à l’occasion de la présentation des vœux au Chef de l’Etat Omar Bongo ? Il n’hésitait pas de distiller bons points et mauvais teintés de lyrisme à l’endroit des dirigeants de la vie sociopolitique.
Jovial, sourire quelque peu moqueur, c’était l’homme des ambiguïtés. Il avait un sens élevé de la famille qui, pour lui, transcendait les clivages idéologiques.
A l’intérieur du PDG, comme en dehors, dont il était l’un des fervents militants avant ses fugues sporadiques qui, tour à tour, vont l’amener à créer ses propres partis politiques. D’abord, le Parti de l’Unité du Peuple (PUP) puis l’Union pour la Nouvelle République(UPNR).
Malgré ses positionnements politiques quelque peu controversés, l’homme savait maintenir le cordon ombilical familial, qui avait pour point d’encrage, toute la province de la Ngounié.
Au-delà des rivalités politiques, il savait faire taire les dissensions idéologiques au sein de la communauté de tous les fils de la province. Pour lui, la famille passait avant tout.
Avec la disparition de Louis Gaston Mayila, c’est toute une génération qui est en train de mourir à petit feu.
Que retenir du personnage ? Son franc parlé et sa verve ampoulée mêlant sarcasmes et coups de gueule.
Vab-Ngund, le tribun de tsamba magotsi, rejoint le monde des ancêtres!
