La province de l’Ogooué-Lolo dans le sud-est du Gabon ouvre le bal des poursuites pénales dans l’affaire « le milliard d’Iboudji », ainsi que l’a titré le quotidien pro-gouvernemental l’Union dans sa parution du week-end écoulé.
Selon le confrère, Jean-Claude Pango, le Délégué spécial désormais pris dans la tempête judiciaire, est poursuivi pour des irrégularités constatées dans la gestion du milliard alloué à Iboudji sous la transition pour des travaux de construction d’un édifice devant abriter la mairie et la rénovation de certaines infrastructures de la commune. Le journal parle de rétrocommission, de travaux inachevés, de budget détourné à 80 %, de salaires non payés… Autant de chefs d’accusation qui épinglent le délégué spécial qui, aux dires du journal, aurait rétrocédé 27 millions de FCFA lors de son audition préliminaire devant le Procureur de la République près le tribunal de 1ᵉʳᵉ instance de Koula-Moutou.

Pour accompagner le développement, sept milliards avaient été alloués aux neuf provinces sous la transition. Dans certaines provinces, un faisceau de soupçons de détournement de ces fonds persiste avec intensité. Certains administrés parlent de gestion opaque.
Pour gestion hasardeuse des fonds publics, ils seront nombreux parmi les délégués spéciaux à terminer devant la Cour criminelle.
Le juge Financier a du pain sur la planche. Car il doit scruter tous les livres comptables des 52 communes et 48 départements que compte le Gabon. Il va sans doute débusquer d’autres lièvres. Une chose est sûre, Iboundji n’est que la face visible de l’iceberg. La suite du travail du juge financier pourrait nous réserver bien des surprises.
Si sept milliards alloués à chaque province ont connu des faiblesses de gestion dans l’exécution des objectifs de leur utilisation, qu’en sera-t-il lorsque la décentralisation sera effective ? Le Conseil des Ministres de jeudi dernier a adopté un projet de décret portant transfert des compétences. Ce texte, selon le communiqué final, « traduit la volonté du gouvernement de donner une réalité concrète au processus de décentralisation. En permettant aux collectivités locales d’exercer pleinement les missions de service public qui leur sont confiées… » « Quant aux mécanismes de financement, poursuit le communiqué, le projet prévoit de mettre en place un fonds de péréquation alimenté par une dotation spéciale annuelle fixée à 10 % des ressources du budget de l’Etat et des contributions issues des fonds de développement minier, forestier, pétrolier et gazier ».

Transférer les compétences aux Communes et aux Départements pour une gestion autonome de proximité avec pour objectif de mieux cibler les secteurs prioritaires de développement et les besoins réels des administrés est à saluer certes, cependant, si on n’y met pas les garde-fous, il ne serait pas surprenant qu’on retombe dans les mêmes travers de gestion.
Elizia Reclus





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